PELLETIER Louis Robert
Auteur de la fiche : Marc Fineltin
Louis Robert PELLETIER
Louis Robert PELLETIER naît en 1889 dans une famille bourgeoise et catholique, descendant d’un général d’Empire. Brillant élève de Camille Jullian, professeur d’Antiquités nationales au Collège de France, il passe l’agrégation d’histoire et enseigne à l’École pratique des hautes études. Avant la Grande Guerre, il s’engage avec conviction dans les grands débats de politique intérieure et internationale. Secrétaire du député socialiste Albert Thomas, il collabore à plusieurs revues et quotidiens – il fonde La Revue des Nations –, milite aux côtés de Bernard Lecache au sein de la Ligue contre l’antisémitisme, et se bat en duel contre Léon Daudet, le directeur de L’Action française. Fin connaisseur du monde slave et hellénistique, il donne de nombreuses conférences pour la défense des peuples des Balkans.
En 1914, ce passionné de la chose militaire – il aurait voulu faire Saint-Cyr – s’engage comme volontaire. Son courage au combat lui vaudra quatre blessures, sept citations et la Légion d’honneur. La guerre terminée, il reste dans l’armée et combat au Maroc en 1920-1921 à la tête d’une unité de tirailleurs marocains. Après des différents avec Lyautey qu’il contera dans un roman, Les Chacals derrière le soldat (1925), il revient à la vie civile et épouse la fille du directeur du Petit Parisien, Marthe Roux, qui lui donne deux fils, Etienne et Robert. Directeur de cabinet de Joseph Caillaux, ministre des Finances, il participe, en 1926, à la conférence de Washington sur la réduction des dettes de guerre. Après cette expérience politique, il revient au journalisme professionnel. Il fonde une nouvelle revue, La Paix, et signe des articles dans de nombreux quotidiens, dont La République, Le Journal et Paris-Soir, dont il est le rédacteur en chef. Germaniste, spécialiste des questions militaires et des relations franco-allemandes, il se rend souvent outre-Rhin. Il enseigne en outre les méthodes d’espionnage à l’École militaire et entre au 2e Bureau (renseignements) de l’état-major des armées. C’est dans ce même service qu’il sert, comme officier volontaire, en 1939-1940.
À l’été 1940, Louis-Robert PELLETIER refuse la défaite et l’occupation. Avec d’autres éléments du 2e Bureau, il prend la direction pour la zone occupée d’un réseau clandestin de renseignements, sous le commandement du colonel MERMET, replié à Châteauroux. Dans le même temps, il prépare avec des cousins bretons son passage à Londres, où il compte rejoindre de Gaulle. Vendu à l’Abwehr (Service de renseignements de l’armée allemande) par deux agents retournés, il est arrêté le 11 novembre 1940 à Paris, au café « La Potinière », rue La Béotie, près du Cercle militaire. Il est incarcéré et torturé à la prison du Cherche-Midi, puis transféré à Fresnes, où il reçoit aide et réconfort de l’abbé Stock, l’aumônier allemand. Condamné à mort pour espionnage le 28 juillet 1941 par le tribunal militaire allemand, il est fusillé le 9 août 1941 à la Vallée-aux-Loups (Châtenay-Malabry), chemin dit de «l’Orme mort». Louis Robert PELLETIER est titulaire de la Légion d’honneur, de la croix de guerre et de la croix de Saint-Georges. Au Panthéon, son nom figure sur la plaque d’hommage aux écrivains et journalistes morts pour la France. Son épouse et ses enfants se sont réfugiés à Lyon, où ils apprennent son exécution. Étienne, son fils aîné, né à Paris en 1922, était étudiant en préparation à Saint-Cyr avant la guerre. Dès l’été 1940, il assiste son père dans ses activités de renseignements. Arrêté pour espionnage le 10 octobre 1940, incarcéré à la prison de Nevers, il est libéré le 11 novembre 1940 et peut rejoindre sa famille à Lyon. Il s’engage avec sa mère et son jeune frère dans le mouvement «Les Petites Ailes », devenu en novembre 1941 « Combat». Le 19 mai 1941, il est arrêté par la police française pour propagande antinationale et interné avec Marthe PELLETIER au fort Montluc (Villeurbanne). Son frère Robert (« Bobby ») est, lui, appréhendé par un officier français en flagrant délit de distribution de tracts gaullistes, puis enfermé au refuge de mineurs délinquants de l’Antiquaille: à douze ans, il est certainement le plus jeune interné pour fait de résistance. Libéré en 1942, Etienne devient agent de liaison du réseau «Alliance*» dans la région lyonnaise, sous le pseudonyme de «Frappe». Sa mère et son frère, eux aussi relâchés, soutiennent ses activités. Dénoncé par un traître infiltré, il est de nouveau arrêté le 21 septembre 1943: déporté au camp de concentration du Struthof puis à la forteresse de Rastatt (Bade), il est assassiné par les Allemands le 24 novembre 1944 avec un groupe de ses camarades, sur les bords du Rhin. Les jeunes gens sont exécutés deux par deux, d’une balle dans la nuque puis jetés dans le fleuve Étienne PELLETIER a reçu à titre posthume la croix de guerre, la médaille de la Résistance et la Légion d’honneur. Marthe PELLETIER est titulaire de la Légion d’honneur et de la médaille de la Résistance. Robert PELLETIER fils, « Bobby », est titulaire de la médaille des Combattants volontaires de la Résistance et des Internés et officier de la Légion d’honneur.