LE GUERSON LEON MARIE
F.T.P.
FTP
Auteur de la fiche : Alain Prigent-Serge Tilly
LE GUERSON LEON MARIE
Léon Le Guerson est né le 27 mai 1921 à Plouaret (anciennement Côtes-du-Nord, aujourd’hui Côtes d’Armor), fils de François Marie Le Guerson et de Marie-Françoise née Faugeron. Agriculteur à Saint-Mathieu (commune de Plouaret), Franc-tireur et Partisans français (FTP), il est mort fusillé au camp des Croix en Ploufagran (Côtes d’Armor) le 6 mai 1944.
ACTION DANS LA RESISTANCE :
Le 9 mars 1943 à Plouaret, chef-lieu de canton (et dans trois autres localités du département) une manifestation de protestation se déroule lors de la visite médicale en vue du départ pour le STO (Service du Travail Obligatoire). Des arrestations s’en suivent et des jeunes, concernés, réfractaires, se cachent dans des fermes environnantes pour échapper à cette réquisition. A l’automne 1943, naît la compagnie FTP « La Marseillaise » à l’initiative d’Yves Trédan de Sept-Saints-en-Vieux-Marché (Côtes d’Armor). Sous la direction d’Yves Le Pape qui dirige le groupe de Plouaret, des déraillements sur la ligne Paris-Brest entre la gare de Belle-Isle-Bégard en Louargat et Plounérin ont lieu entre février et avril 1944, ainsi que des sabotages de lignes téléphoniques et des incendies de réserves de paille. C’est sans doute au début de 1944 que Léon Le Guerson avec d’autres jeunes a rejoint le groupe.
Les autorités allemandes excédées par cette situation, profitent d’une trahison pour agir. Le 23 avril 1944, à 4 heures du matin, plusieurs centaines de soldats allemands, venus par train de Saint-Brieuc occupent Plouaret, Vieux-Marché et Trégrom (Côtes d’Armor). Yves Trédan, Albert Jacob et les frères Ernest et Prosper Laurent s’échappent alors que tous les autres FTP sont arrêtés et maintenus en détention. Ils sont ensuite dirigés vers la maison de la Pépinière (actuellement rue de la résistance) à Plouaret et torturés. Dans le même temps, des dizaines de jeunes réfractaires au STO sont capturés, regroupés dans l’école catholique Saint-Louis de Plouaret. Ils seront envoyés en Allemagne au travail forcé.
Le 6 mai 1944, à Belle-Isle-en-terre, Léon Le Guerson est condamné à mort pour « activité de franc-tireur » par le tribunal allemand présidé par le colonel Eilhauer, attaché au général Sprang commandant la 266ème division d’infanterie. Il est fusillé avec Eugène Daniel, Arsène Faujouron, Joseph Hénaff, Auguste Le Pape, Pierre Menou, Auguste Pastol, le même jour vers 17 heures au camp de la Croix en Ploufagran. Originaires de Plouaret, ils habitaient tous à proximité de la route communément appelée « route de Saint-Carré ».
Léon Le Guerson avait 23 ans.
Dans la matinée, douze autres FTP, tous de l’ouest du département avaient eux aussi été exécutés au même endroit. (Une directive d’Erwin Rommel, de passage à Quintin au mois d’avril 1944, pour lutter contre les actions des résistants, préconisait les mêmes méthodes que celles appliquées en Russie. Cette directive a été relayée par la presse locale vichyste). Les dix-neuf corps sont enterrés sur place, sans cercueil.
Le 12 mai 1944, une oriflamme est accrochée au monument aux morts de Callac-de-Bretagne et une gerbe déposée avec cette inscription « Aux héros du 6 mai, fusillés par les boches ». Aussi, constatant que la population vient fleurir le lieu des exécutions, les autorités allemandes, craignant sans doute d’autres manifestations de sympathie, font exhumer les corps (par la Croix rouge) qui sont placés dans des caisses en bois (par les pompes funèbres de Saint-Brieuc) et transportés à l’abri de tout regard dans la forêt de L’Hermitage-Forge (Côtes d’Armor).
Après la libération, à la demande de Jean Marie Madigou, père d’un des suppliciés du 6 mai 1944, Armand Tilly et Louis Lalès, FTP, originaires de Louargat entreprennent des recherches pour retrouver les corps. Le 18 août, aidés par un cultivateur de Ploeuc-sur-Lié (Côtes d’Armor) qui avait repéré, dans une clairière à cinq kilomètres du bourg de l’Hermitage-Lorge des monticules de terre, ils exhument les dix-neuf « sépultures ». Passant outre à la réglementation préfectorale sur le transport des personnes décédées, les corps des suppliciés de Plouaret et Louargat sont transportés dans leurs communes d’origine (les tombes de six des exécutés sont alignées dans une allée du cimetière de Plouaret). Le Comité départemental de Libération, prévenu a fait le nécessaire pour les autres corps.
Le nom de Léon Le Guerson figure sur le monument des fusillés du camp de manœuvre des Croix, aujourd’hui proche du zoopole de Ploufagran et sur le monument des martyrs de l’Hermitage-Lorge ainsi que sur le monument du cimetière de Plouaret. En 1947, l’abbé Kenven, recteur de Plouaret, a fait graver en breton sur le monument aux morts de Plouaret cette épitaphe ; « Ken toc’h mervel evit tec’hel o deus lavaret paotred Plouaret » c’est-à-dire « Plutôt mourir que céder ont dit les gars de Plouaret ».
SOURCES :
Archives départementales des Côtes d’Armor : 5w16
ANACR des Côtes d’Armor : Archives Yves Trédan
Témoignages :
Armand Tilly
Bibliographie :
Pichouron Louis. Mémoire d’un paysan breton. Presses Universitaires de Bretagne.1969
Prigent Alain. Histoire des communistes des Côtes-du -Nord (1920-1945). Saint-Brieuc. 2000
Prigent Alain-Tilly Serge. La bataille du rail. Les cahiers de la résistance populaire des Côtes-du-Nord. Numéros 8 et9. 2000
Tilly Serge. L’occupation allemande dans les Côtes-du-nord (1940-1944).
Les lieux de mémoire. Cahiers de la Résistance populaire des Côtes -du-Nord. Numéros 10 et 11. 2005