Alibert Jean
Alliance
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Jean Alibert
» Dès l’Appel du 18 juin, affirme Jean Alibert, né le novembre 1926, mon père et moi avons été gaullistes. Au début, on se bornait à résister en pensée car nous ignorions encore comment nous opposer concrètement à l’occupant. Ensuite, nous avons eu la possibilité de nous engager davantage. » Jean Alibert est le fils unique d’une famille aisée de Brive-la-Gaillarde (son père Fernand Alibert est patron d’une entreprise de commerce en gros de sanitaires et de matériel de chauffage). Il est né le 8 novembre 1926 et poursuit sa scolarité jusqu’en 1943 au collège Cabanis de Brive. En 1942, Fernand Alibert fut approché par un de ses clients, Louis Lemaire, plombier à Tulle qui ne lui parle que d’Allemands pilleurs, et de résistants refusant de se courber devant l’ennemi. Sous le pseudonyme de « Setter », Lemaire était en réalité le directeur du secteur de Tulle du réseau de renseignements « Alliance » fondé en 1941 par Marie-Madeleine Fourcade. Cette rencontre fut décisive pour Fernand Alibert qui décida alors d’entrer dans l’action et de saisir l’occasion offerte pour sortir de son isolement.
Devenu « Barbet », il prit en main le secteur de Brive et enrôla son fils Jean, alias « Truscale », ainsi que trois employés et quelques connaissances, qui se muèrent en agents de renseignements. « On s’intéressait aux mouvements de troupes, explique Jean Alibert, au moral des soldats, on relevait le nom des unités et la nature de leur armement. On surveillait aussi l’activité de la gare de Brive et le contenu des convois qui y transitaient. Il fallait également faire transiter les postes de radio servant à transmettre les informations recueillies. L’un fut placé dans la cathédrale de Tulle dont un des prêtres, Charles Lair sera fusillé. »
Les Alibert hébergeaient aussi des agents d’Alliance de passage à Brive. La plupart des gens qui transitèrent par chez eux furent tués. En effet le réseau Alliance perdit 90% de ses effectifs.
Sur le carnet d’un membre du réseau, la Gestapo découvrit un jour le nom codé des Alibert. Prévenue par un agent double, la famille dut se disperser. Mme Alibert se rendit chez ses parents à Lanouaille, quant à Fernand et Jean, ils décidèrent de gagner l’Angleterre via l’Espagne grâce à un système de passeurs. Durant leur traversée de l’Espagne, ils furent condamnés à six mois de prison. Cela ne les empêcha pas de rejoindre Alger où ils célébrèrent Noël 1943. Là-bas Fernand Alibert entra au cabinet d’Henri Queuille qui assurait l’intérim durant les absences du général de Gaulle du Comité français de la Libération Nationale. Fernand Alibert était chargé du ravitaillement. Jean, lui, décrocha son bac au lycée Bugeaud et le 15 août 1944 débarqua en Provence. Il n’avait pas 18 ans.
« Pour être franc, au début, c’est l’occupant que je considérais comme mon ennemi. Je me battais davantage contre les Allemands que contre les nazis. » Rapporte Jean Alibert aujourd’hui. Un de ses cousins de Lanouaille, Henri Peyremaure, figure parmi les 36 maquisards de l’AS massacrés par les Allemands le 16 février 1944 à la limite de la Dordogne et de la Corrèze. Il avait 19 ans.
Après la Libération Jean Alibert a travaillé avec son père avant de lui succéder à la tête de l’entreprise familiale. Il occupa pendant 29 ans le poste d’adjoint au maire de Brive. Trois de ses meilleurs copains d’avant-guerre avaient choisi l’autre camp, l’un Pierre s’était engagé dans la LVF, les deux autres, Jean et un autre Pierre, dans la Milice ».