VOGEL Germaine
Musée de l'Homme
Auteur de la fiche : Manuel VALLS-VICENTE et Juliette RACHMAN
VOGEL Germaine
Née à Paris XXème le 26 mai 1894, de son nom de jeune fille Vincent, elle tient avec son mari Jean Vogel un commerce de fourrure.
Résistante de la première heure, elle participe à des actions de résistance dès le mois de juillet 1940. Au début du mois d’août 1940, elle rejoint avec son mari Jean Vogel l’antenne soissonnaise du réseau « La Vérité Française », rapidement rattaché au mouvement du « Musée de l’Homme ». Outre l’édition et la distribution d’un journal clandestin au nom du mouvement, les activités du groupe sont très diverses et visent à favoriser la Résistance sous toutes ses formes : recueillir des prisonniers de guerre anglais et français évadés, guider leur passage en zone libre, cacher des réfractaires, organiser des dépôts d’armes (en particulier à Soissons), fournir des renseignements au B.C.R.A. Ce sont les dominicains de la rue de la Glacière qui fourniront l’argent nécessaire à la mise en route du journal. Le premier exemplaire dactylographié du journal sera distribué au cours du mois de septembre 1940. Au total, 32 numéros paraîtront.
En août 1941, le jeune Belge Jacques Desoubrie, agent double chargé par les Allemands d’infiltrer les organisations de résistance, se rend au domicile de la famille Vogel, un des responsables du groupe de Soissons de « La Vérité Française ». Muni du mot de passe fourni par les Allemands, il gagne rapidement la confiance des Vogel, se présentant comme évadé d’une prison allemande, et traqué par la Gestapo. Hébergé quelques jours par Germaine et Jean Vogel, il est mis en rapport avec Lucien Douay, chef du Réseau « La Vérité Française » pour Soissons, qui le conduit auprès du responsable parisien, Jehan de Launoy. Celui-ci fait de Desoubrie son secrétaire particulier, poste de choix qui va lui permettre de connaître tous les détails de l’organisation. Il est chargé plus précisément de la diffusion du journal et de divers tracts, ainsi que de la liaison entre les différents membres du groupe à Paris. Il se rend également fréquemment à Soissons auprès de M. Douay et assiste à plusieurs réunions. Au cours de l’une de ses réunions, se tenant durant un déjeuner donné chez les Vogel, il apprend certains détails capitaux quant au fonctionnement du réseau. En effet, chaque jour, le traître Desoubrie note scrupuleusement tous les renseignements qu’il peut recueillir, consigne des noms, des adresses, des faits précis et constitue sur le compte de chaque résistant un dossier accablant.
Le 25 novembre 1941, au moment où les Allemands pensent ne plus rien ignorer de l’organisation, 80 arrestations sont opérées tant à Paris qu’à Soissons par la Police Allemande. Germaine et Jean Vogel font partie des résistants inculpés. Ils sont jugés pour « aide à l’ennemi » : réunions gaullistes, fabrication de fausses cartes d’identité, hébergements et évasions de 26 prisonniers de guerre anglais et français. Germaine est condamnée à deux ans de prison tandis que son mari est condamné à mort. Bénéficiant d’une grâce exceptionnelle, elle est libérée le 22 octobre 1942, quelques jours avant l’exécution de son mari. Le 11 novembre 1943, elle expose dans la vitrine de son magasin les photographies de son mari et de ses camarades fusillés, entourés de fleurs tricolores portant la mention « Mort pour la France ». Immédiatement arrêtée par l’occupant, elle est de nouveau emprisonnée plusieurs mois jusqu’à son départ en déportation, sans jugement, le 4 février 1944.
Elle est alors dirigée vers Ravensbrück. Elle est rapatriée le 7 mai 1945.
Sa fille, Jeanne Vogel, résistante comme ses parents, fut plusieurs fois incarcérée au cours de la guerre.
En 1947, Germaine VOGEL obtient son assimilation au grade de sous-lieutenant au sein des FFC (Forces Françaises Combattantes). Le 14 avril 1954, le ministère des Anciens Combattants et Victimes de la Guerre lui octroie le titre de déportée résistante.
Elle souffrira tout au long de sa vie de séquelles liées à sa déportation. Ainsi, le 5 novembre 1964 lors d’un examen médical, il est constaté que Germaine Vogel est totalement édentée, souffre d’hémiplégie, de troubles gastro-intestinaux, de phlébites, d’asthénie, de fatigabilité, de troubles cardiaques et respiratoires, de rhumatisme avec arthrose, d’une scoliose…
Quant à Jacques Desoubrie, impliqué dans plusieurs affaires de dénonciations, il fut jugé en 1947 par la cour de justice de la Seine qui le condamna à mort.