Georges LOINGER

Aîné de 7 enfants il naît le 29-08-1910 à Strasbourg encore allemande. Il se marie en 1934 avec Flore. Il passe à Paris les examens de professeur et entraîneur sportif civil. Il enseigne au lycée Maïmonide à Boulogne-Billancourt.

Service militaire en 1929 au bataillon de Joinville, il en sort officier des sports

Il est mobilisé en 1939 dans un fort sur le Rhin après une résistance acharnée A son régiment est fait prisonnier. Il retrouve au camp 7A un cousin Marcel VOGEL qui est chef interprète. Tous deux s’échappent en décembre 1942, le responsable allemand du camp leur a rendu leur livret militaire ce qui leur a permis de traverser le pont de Kehl avec des Alsaciens libérés.

Marcel VOGEL part pour le Périgord où l’attend sa femme Georges LOINGER va rejoindre sa femme et son fils à la Bourboule. Flore dirige à « l’hôtel des anglais » un centre d’accueil pour enfants juifs. Il y a là 130 enfants juifs allemands ou autrichiens.

Il est recruté comme formateur de moniteurs d’éducation physique pour la région Auvergne. Ce qui lui permet de circuler.

La menace se précise pour l’hôtel des anglais, Georges LOINGER s’adresse alors à l’O.S.E.( Œuvre de Secours aux Enfants) dont le Dr Joseph WEILL dirige le service médico-social. Georges et sa femme s’installent dans la Creuse à La Valodie, commune de Vieilleville près de Guéret.

De cette base Georges rayonne sur une quinzaine de maisons de l’O.S.E. mais en août 1942 une grande rafle  frappe 10 000 juifs apatrides. Il devient alors nécessaire de disperser les enfants. Joseph WEILL charge alors Georges GAREL  alias Gasquet de créer une organisation qui disséminera les pensionnaires chez des particuliers, dans des institutions religieuses, partout où ils peuvent espérer des caches sûres. Le réseau GAREL va s’étendre sur plus de 30 départements. Outre la recherche de lieux d’hébergement ses membres maintiendront les relations avec les enfants, veilleront sur eux et règleront les frais de leur hébergement.

Georges LOINGER sans connaître l’existence des chambres à gaz avait le sentiment que l’extermination des juifs avait commencé.

La première mission de Georges a été l’organisation d’une filière permettant d’évacuer vers la Suisse 150 enfants juifs religieux qui refusaient d’être placé dans des familles d’accueil non juives.

Grâce au Maire d’Annemasse Jean DEFFAUGT et au directeur du Secours National Eugène BALTHAZAR, se constitue une structure qui va permettre du printemps 193 au printemps 1944 l’évacuation de 300 à 400 enfants.

Le financement sera assuré par le JOINT (American Jewish Joint Distribution Committe)

Début 1944 Georges LOINGER recherché, met sa famille à l’abri en Suisse et reste à Annemasse jusqu’à la Libération.

Après guerre il participera l’envoi clandestins des juifs vers Israël et sera le directeur de la compagnie ZIM pour la France et le Benelux.

Le mémorial Yad Vashem décernera à Jean DEFFAUGT le titre de « juste entre les Nations »

°-°-°-°-°-°

Article paru la 28 décembre 2018 au décès de Georges Loinger

Né en 1910 à Strasbourg dans une famille juive orthodoxe, Jean Loinger est une figure de la résistance en France. Après avoir commencé à travailler quelques années pour une compagnie de navigation sur le Rhin, il embrasse en 1932 la carrière de professeur d’éducation physique et sportive. Il crée alors un club sportif à Paris pour les enfants juifs et entreprend avant même le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale d’accueillir de jeunes réfugiés juifs arrivant d’Allemagne.

Sauvetage de plusieurs centaines d’enfants juifs. Mobilisé dès la déclaration du conflit, Jean Loinger est fait prisonnier mais parvient à s’échapper d’Allemagne à la fin de l’année 1940. Dès son retour en France et jusqu’à la Libération, avec l’Œuvre, il organise le sauvetage de centaines d’enfants juifs, en créant une filière clandestine de passage depuis Annemasse vers la Suisse. Il rejoint en parallèle le réseau lyonnais Garel qui veut sauver les enfants juifs de la déportation.

Impliqué dans l’épopée de l’Exodus

Une fois l’Armistice signé, Jean Loinger continue de s’engager pour les rescapés du nazisme. Il est notamment très impliqué dans l’aventure de l’Exodus, ce bateau qui, en 1947, doit transporter secrètement près de 5000 Juifs à destination de la Palestine passée sous mandat britannique. Un navire qui sera arraisonné par la marine royale britannique, entraînant une grève de la faim de beaucoup de ses passagers.

Le résistant alsacien devient par la suite directeur de la filiale française d’une compagnie de navigation israélienne, organise des pèlerinages en Terre Sainte et participe à la création de la Fraternité d’Abraham qui œuvre à un rapprochement des religions monothéistes. Devenu président de l’Association de la Résistance juive de France (ARJF), il reçoit les insignes de commandeur de la Légion d’honneur en 2005 et sera reçu en 2013 par le président israélien Shimon Peres lors d’un voyage en Israël. Il avait alors 102 ans.

Par Caroline Moreau

Publié le 29/12/2018 à 12:10