GARNIER Jean, Baptiste,
F.T.P.
Auteur de la fiche : Alain Prigent & Serge Tilly
GARNIER Jean, Baptiste,
GARNIER Jean, Baptiste est né le 11 août 1903 à Dol-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine), fusillé le 31 mai 1944 à Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine) ; meunier ; FTP ; membre du comité de la région des Côtes-du-Nord du PC 0937- .19391; membre du Parti communiste clandestin.
Fils de Jean-Marie Garnier, meunier né en 1866, et de Anne-Marie Dardennes, ménagère,
Jean Garnier exerçait le métier de meunier au lieu dit Maltournée en Le Hinglé (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor).
Dans cette commune vivait un véritable îlot prolétarien autour du bassin granitier. Plusieurs dizaines d’ouvriers avaient créé depuis la scission de 1921 un puissant syndicat CGTU. Ils avaient envoyé à la mairie Ernest Briand, militant SFIO qui adhéra au PC à la Libération.
Jean Garnier créa la cellule locale du PC forte d’une vingtaine d’adhérents. Il fut candidat aux élections cantonales de 1937 où il obtint le score remarquable de 16,4 % des suffrages exprimés au premier tour, annonciateur de l’influence électorale à venir du PCF dans la région de Dinan. Il obtint la majorité absolue en particulier dans la commune du bassin granitier du Hinglé avec 53,9 % et plus de 20 % dans trois autres localités (Quévert,Taden et Trélivanl.
Le siège fut enlevé par un radical-socialiste favorable au Front populaire, Le Breton, qui l’emporta dès le premier tour. Il siégea au comité régional de ce parti de 1937 à 1939 que dirigeait Francis Marzin, militant de Lannion qui avait émergé au moment des luttes contre les ventes-saisies à la tête de la CGPT (Confédération générale des paysans travailleurs).
Mobilisé, Jean Garnier fut fait prisonnier au moment de la débâcle mais parvenant à s’évader il revint en Bretagne. Membre du PC clandestin, surveillé de très près par les forces de l’ordre, il subit une perquisition le 21 mai 1941.
Jean Garnier, proche des ouvriers carriers dont il partageait la culture revendicative et révolutionnaire
de la profession, avait intégré la Résistance FTP. Il fit partie du groupe chargé de mener des opérations
militaires sensibles dans la region de Dinan (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor). La libération de deux membres de la direction FTP d’Ille-et-Vilaine, Jean-Marie Guérillon et Jean Marguerite, arrêtés le 1er avril à Dinan, devint un objectif majeur.
Après une première tentative infructueuse, une vingtaine de résistants puissamment armés de revolvers et de mitraillettes s’introduisirent dans la nuit du 11 au 12 avril 1944 au sein de la prison de Dinan pour les exfiltrer. Cette opération, qui resta dans la mémoire collective comme un fait d’armes relevant de l’épopée, fut menée sous la responsabilité personnelle de Louis Pétri, chef des FTP d’Ille-et-Vilaine.
Le 12 mai 1944, Jean Garnier qui appartenait au groupe fut arrêté, sur dénonciation d’un proche, par un gendarme français au Hinglé puis livré aux Allemands qui l’incarcérèrent à la prison Jacques Cartier de Rennes. Le 30 mai 1944, il fut jugé et condamné à la peine de mort pour « activité de Franc-Tireur ». Le lendemain 31 mai 1944, il fut fusillé à 6h35 au camp militaire de La Maltière en Saint-Jacques-de¬la-Lande avec ses neuf camarades Marcel Blanchard, Jean-Baptiste Brault, René Fayon, Louis Hesry, Francis Lafranche, Henri Laplanche, Charles Maillard, Jean Perquis, et Hippolyte Thomas.
Jean-Baptiste Garnier avait 41 ans.
Il fut d’abord inhumé au cimetière de l’Est à Rennes. Exhumé le 16 septembre 1944 il fut enterré au cimetière du Hinglé. Sa sépulture au cimetière du Hinglé est commune à celle de Jean-Baptiste Brault et Marcel Blanchard.
Son nom figure sur la plaque du camp de La Maltière en Saint-Jacques-de-la-Lande et sur le monument de la Résistance et de la Déportation à Dinan (Côtes d’Armor).
Jean Garnier, épousa Marianne Le Quillec à Chateaulin (Finistère) le 7 mai 1929. Secrétaire de mairie au Hinglé, elle adhéra au PC en 1938. À la Libération, Marianne Garnier milita activement au sein de la structure dinannaise de l’UFF (Union des femmes françaises), véritable laboratoire politique réunissant des militantes issues des matrices d’obédience chrétienne, socialiste et communiste. Femme de fusillé, elle côtoyait notamment Alice Pinaud, femme d’un professeur au lycée de Dinan, catholique progressiste. Elle siégea au comité de la fédération du PCF des Côtes-du-Nord en 1952 à 1954. Syndiquée au syndicat CGT des employés et ouvriers communaux, elle resta adhérente du PCF jusqu’à son décès à 93 ans en 2003.
Commentaire de l’auteur
Sources : -Archives dép. Côtes d’Armor 2W104, 2W106, 2W109, 2W129, 1043W32 (activité du PCF (1940-1944). -Bibliothèque marxiste de Paris, microfilm bobines 841 et 853, composition de la région des Côtes-du-Nord, mars 1938 et janvier 1939. -Epopées glorieuses de la Résistance dans les Côtes-du-Nord, Cahiers de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord, n°2 (1995) ; -Louis Pétri, Les hommes du Maquis, Le Patriote de l’Ouest, 1945 ; -Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord 11920-19451, Saint-Brieuc, 2000 ; -Ouvrage collectif, Le peuple des carrières, Editions Apogée, 2011 ; – Alain Prigent, notices de Jean-Baptiste et Marianne Garnier, in Le Maitron, Tome 5, nouvelle série, 2008 ; -Serge Tilly, L’occupation allemande dans les Côtes-du-Nord (1940-1944), Les lieux de mémoire, – Cahiers de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord, n°10, 2004 et n°11, 2005. -L’Aube Nouvelle (n°50, 17 novembre 1945), -Ouest-Matin, Une semaine dans les Côtes-du-Nord, supplément de l’Humanité Dimanche. Relevé en novembre 2012 sur le cahier N°12 de mai 2011 du comité de la Résistance populaire dans les Côtes du Nord