Fania EWENZCZYK née ELBINGER Fania

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Fania EWENZCZYK née ELBINGER

TEMOIGNAGE

Nous vivions en 1940, ma mère, ma jeune sœur et moi à Paris. Nous avons quitté Paris à pied jusqu’à Cahors Après avoir habité à Toulouse, ma mère est rentrée à Paris et je l’ai rejointe avec ma sœur. C’était à peu près calme et j’ai pu reprendre mon travail à la fabrique de maroquinerie de ma mère. Quand les lois antisémites de 1942 ont été mises en place, un gérant aryen a été nommé à la fabrique. Malheureusement, cela n’a pas duré car ma mère a été dénoncée et enfermée à la Conciergerie puis à la prison des Tourelles.  Finalement, ma mère a été libérée grâce à l’intervention d’une amie qui connaissait quelqu’un à la pré­fecture de police. Le 17 Juillet 1942 au matin, ami du commissariat est venu chez nous pour nous dire que nous avions une heure pour disparaître. Un ami de La Varenne, près de Paris, nous a accueillies quelques temps. Puis nous avons été obligées de partir et de passer la ligne de démarcation. C’est la famille de l’inspecteur de police qui nous hébergées à Saint-Gaudens. Jusqu’en 1943, nous avons habité successivement plusieurs localités dans le sud-ouest de la France. Nous nous sommes installées à Grenoble au printemps 1943. La région était occupée par les Italiens et les Juifs y étaient en relative sé­curité. Ils interdisaient aux Français d’arrêter des Juifs. Puis la sœur du cardinal Gerlier nous a loué un petit logement. C’est à ce moment que j’ai appris l’existence d’un groupe de scouts juifs qui faisait de la résis­tance : le Mouvement de jeunesse sioniste (MJS). Le mouvement se composait d’une branche armée et d’une branche d’entraide où j’accepté de travailler. Avec d’autres, nous devions aider des familles juives qui avaient besoin de papiers, de secours, d’argent, de vêtements… Mes activités étaient variées: je me renseignais pour trouver ces familles dans Grenoble et ses envi­rons. Il m’est même arrivé d’aller jusqu’à Lyon et Chambéry à bicyclette ! Certaines familles étaient complètement démunies. Je leur apportais le nécessaire : l’argent provenait de fonds qui majoritairement venaient de Suisse, les faux papiers étant fabriqués par le mouvement. Nous étions également chargés du sauvetage des enfants : certains étaient chez des paysans ou des religieux. D’autres nous étaient confiés par les familles qui accep­taient de les faire passer en Suisse. Je devais récupérer ces enfants et les conduire à notre passeuse, Marianne Cohn. Une seule fois, le passage a tourné au drame et Marianne Cohn a été arrêtée puis massacrée par les Alle­mands. Les enfant ont été emprison­nés, puis finalement libérés. Comme le mouvement était très bien orga­nisé, nous n’avons presque pas eu de pertes. Si nous avons pu survivre et aider d’autres à survivre, c’est, ‘en partie, grâce à l’aide apportée par les gens de la région.