Albrecht Berty
Auteur de la fiche : Sources : Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD Lyon)
Berty Albrecht
Grande figure de la Résistance, Berty Albrecht s’est taillé bien avant son engagement à la direction du mouvement Combat un statut de chantre du féminisme, dont elle a toutes les qualités offensives et pragmatiques, qu’elle saura déployer au gré des grandes causes qui lui tiennent à coeur.
Femme de caractère, tous ceux qui l’ont approchée disent combien cet attribut se lisait dans la profondeur de son regard bleu.Berty naît à Marseille le 15 février 1893, dans une famille de la grande bourgeoisie protestante. Infirmière de formation, c’est à Londres qu’elle rencontre Frédéric Albrecht, un banquier qu’elle épouse en 1918 et dont elle aura deux enfants.
La désunion consommée, elle s’installe à Paris en 1932, où elle se lie d’amitié avec Victor Basch, président de la Ligue des droits de l’homme. Son militantisme va grandissant pour la cause des femmes, pour lesquelles elle défend la liberté de contraception et d’avortement.A l’heure où de sombres signes avant-coureurs s’amoncellent sur le pays, elle met en place un centre d’accueil pour les réfugiés allemands.
C’est là que l’attend une rencontre décisive avec Henri Frenay, dont elle deviendra quelques années plus tard, dans la tourmente de l’Occupation, le chef d’état-major au sein du mouvement Combat, l’alter ego indissociable, en deçà de sa tâche de responsable du service social.Sa personnalité rayonnante n’échappe pas aux mailles du système répressif.
Arrêtée en janvier 1942, elle est relâchée puis arrêtée une seconde fois en mai et internée à Vals-les-Bains. En réponse à cet arbitraire, elle entame une grève de la faim qui l’amène de l’hôpital d’Aubenas à la prison Saint Joseph de Lyon, où elle est incarcérée en octobre. Simulant cette fois la folie, elle entre en novembre à l’hôpital du Vinatier de Bron, où un commando du mouvement Combat parvient à la libérer.
Sourde aux appels à la prudence de ses amis, elle est de nouveau arrêtée par la Gestapo le 27 mai 1943 à Mâcon (Saône-et-Loire).
Son transfert à Fresnes sonne pour elle le glas, elle l’analyse lucidement en décidant de se donner la mort. Inhumée dans la crypte du Mont Valérien, Berty Albrecht compte parmi les six femmes nommées Compagnons de la Libération.