BAUER
Auteur de la fiche : François Fouré
BAUER
La famille BAUER.
D’origine lorraine, la famille BAUER est installée à Paris lorsque survient la guerre. Le père est un savant, blessé durant la grande guerre. Les quatre enfants font de brillantes études.
– Anne-Marie prépare l’agrégation. Faute de pouvoir être mobilisée, elle décide de passer son permis poids lourd et conduit un camion au Bourget jusqu’à l’armistice.
– Michel est artilleur, il rejoint un maquis savoyard puis entre dans la Résistance à Paris où il devient l’adjoint de Pierre SUDREAU.
– Jean-Pierre, également officier d’artillerie gagne l’Angleterre via Saint-Jean de Luz. Il s’engage dans les Forces Françaises Libres et accomplit plusieurs missions en Nouvelle Calédonie et au Pacifique. En 1945, il est affecté aux FFL d’Extrême Orient. Il est blessé le 11 octobre 1945 au Laos. Hospitalisé à Saigon, il est rapatrié en mars 1946.
– Etienne, s’engage dans la cavalerie. En juin 1940 il souhaite passer en Angleterre mais n’y parvient pas. Il rejoint sa famille installée à Clermont-Ferrand et rallie le mouvement Libération, très puissant en zone sud. Il y introduit sa sœur Anne-Marie qui arrive à Lyon accompagnée de Raymond AUBRAC. De nombreuses réunions secrètes sont tenues au domicile d’Etienne pour y rédiger les journaux et les tracts clandestins qu’Anne-Marie est chargée de transporter aux points de distribution.
En 1942, Anne-Marie quitte Libération pour travailler dans la cellule de Jean MOULIN à Lyon. La charge de travail y est lourde : codage et décodage, courrier, transports divers, récupération d’agents etc…). Elle circule beaucoup et ramène un jour Eurêka, système de radio guidage pour les parachutages. En octobre de la même année, la radio goniométrie allemande repère l’émission de Gérard BRAULT, alias Gédéon qui est arrêté. Grâce à des complicités, elle apprend que Gédéon est enfermé à la prison de Castres où se trouve un gardien lorrain, Maurice ROSCHBACH. Celui-ci accepte de l’aider sous condition de pouvoir gagner l’Angleterre. Le 30 juin 1943 au soir, accompagnée de deux jeunes résistants, dont le plus jeune n’a que 17 ans, elle gagne la prison dans l’obscurité. Elle passe une corde au-dessus du mur. Avec difficultés Gédéon et ROSCHBACH arrivent à se hisser au fait du mur et à sauter.
Mais la Gestapo est sur les traces d’Anne-Marie. Le 23 juillet un homme se présente à son domicile où se réunit souvent son groupe. Il lui propose un rendez-vous. Elle sent le danger. Malgré sa réticence, elle reçoit l’ordre de s’y rendre. Elle est suivie par un membre de son réseau qui assiste à son arrestation. Conduite à l’Ecole de santé militaire, elle est interrogée par BARBIE. Elle ne parle pas. Elle est alors pendue par les poignets et ses pieds sont brûlés. Quelques jours plus tard elle fait l’objet d’un simulacre d’exécution. Mais elle ne parle toujours pas. En décembre 1943, elle est transférée à Compiègne puis déportée à Ravensbrück, et plus tard à Holleischen en Tchécoslovaquie. Elle est libérée par des partisans polonais en mai 1945.
Depuis 1942, Etienne s’est impliqué dans le mouvement Libération. Il s’installe à Paris chez un ami à Montmartre. Sa mission essentielle est la distribution de tracts et de journaux clandestins. Il réalise également l’organisation de parachutages sur des terrains repérés par Anne-Marie.
Mais la Gestapo pénètre le réseau Brutus. Son frère Michel BAUER et les trois quarts du réseau sont arrêtés. Un rescapé nommé Cosinus attire l’attention d’Etienne et le doute s’installe. Pendant trois mois, il le fréquente régulièrement, le laissant espérer une information d’importance. Pierre SUDREAU, en prison a acquis la certitude que COSINUS, alias Carré, est un traître et écrit sur une feuille de papier à cigarette « Carré=traître, le faire savoir ». Enveloppé dans un papier d’aluminium, le message est transmis à son épouse à l’occasion d’un baiser autorisé par les gardiens. Le même message est inscrit dans le linge sale que Michel BAUER a le droit de faire parvenir à sa famille à l’occasion des séances de parloir. A l’extérieur, Etienne BAUER est maintenant renseigné. A l’occasion d’une ultime rencontre à la Coupole, il conduit COSINUS vers un café avenue du Maine où l’attendent les membres d’un groupe franc. Une rafale, Cosinus s’écroule. Agent de l’Abwehr depuis 1936, il avait trahi plusieurs réseaux et était responsable de plusieurs dizaines d’arrestations.
A Compiègne Pierre SUDREAU et ses camarades en voie d’être déportés, apprennent par un message placé dans un colis que leur dénonciateur a été exécuté. Il dira « nous pouvons mourir en paix ».
Michel BAUER meurt à Neuengamme de faim et de froid.
Sources : Philippe Lacarrière « Les volontaires de l’Aube » Editions du Félin, 1999