Bessières André
Paris , Île-de-FranceAuteur de la fiche : Association Française Buchenwald, Dora et kommandos
BESSIERE André
Né le 12 avril 1926, André Bessière nous a quitté à l’âge de 90 ans en janvier 2017.
S’engageant très jeune dans la Résistance, il est arrêté en 1943 alors qu’il tente de franchir la frontière espagnole. Il est déporté en avril 1944 à Auschwitz dans ce qui restera comme « le convoi des tatoués », troisième convoi de « non juifs » à destination de ce camp.
Parmi ses compagnons de futurs ministres et grand commis de l’Etat, comme André Boulloche et Marcel Paul. Le 12 mai avec la plupart des survivants, il est envoyé vers Buchenwald. Début juin il est affecté au Kommando de Flöha, à quelques kilomètres de Chemnitz, Kommando dépendant du camp de Flossenbürg et qui emploie environ 600 détenus à la fabrication de fuselages d’avions. Parmi ses compagnons, le poète Robert Desnos.
L’évacuation commence le 14 avril 1945, à pied, vers Flossenbürg. Cette marche de la mort, épuisante et impitoyable s’achève le 7 mai 1945 à Theresienstadt.
Le camp est libéré par les troupes soviétiques, mais le typhus comme à Bergen-Belsen, fait des ravages parmi les survivants.
Le 27 juin 1945 André Bessière est rapatrié.
Ce n’est qu’en 1990 qu’il commencera à revenir sur ce passé qu’il a relaté dans plusieurs ouvrages et en créant l’Amicale des déportés Tatoués dont il était jusqu’à ce jour, Président.
Il a laissé plusieurs témoignages, écrits et filmés sur son parcours de jeune résistant et déporté.
Voici un dernier mot d’hommage de Christophe DHAM, Vice-président de l’Amicale des tatoués du 27 avril 1944
André vient de partir, calmement, chez lui, après plusieurs semaines difficiles. Il aura lutté jusqu’au bout, comme à son habitude, avec courage et détermination.
Il a retrouvé la paix, entouré de celles qui lui étaient si chères, Danièle son épouse et Stéphanie sa fille.
L’annonce de son décès a été un choc. L’Amicale venait de perdre son Président et je venais de perdre plus qu’un ami.
Que de souvenirs en plus de 20 ans de collaboration, André, tu étais pour moi un second père. Dès notre première rencontre, j’ai aimé ton enthousiasme, ta vision de l’avenir, ton charisme et ta formidable force d’entreprendre.
Que de séances de travail avec toi André, moments d’émotion, de rire, de tristesse, d’espoir pour nos projets, et de constater que tu étais toujours de bonne humeur, oubliant ta fatigue et tes problèmes de santé.
Que c’était fascinant d’être ensemble, toi qui avait été Résistant à l’âge de 15 ans, Déporté à 17, qui avait partagé tant de souffrances avec tes camarades du convoi et que malgré tout, tu mettais toute ton énergie au service de l’Amicale.
Je ne pourrais pas t’oublier André, l’Amicale des Déportés Tatoués ne pourra pas t’oublier, personne ne pourra t’oublier car tu as tellement fait pour la Déportation et pour l’Amicale.
Adieu André, adieu mon ami, repose en paix.
Christophe DHAM, Vice-président de l’Amicale
Né le 2 décembre 1926 à Paris de parents héraultais, André Bessière vit « la drôle de guerre » et les cruelles réalités de l’exode de juin 1940.
En janvier 1941, il s’enrôle dans la Résistance au Front National à la section du Xe arrondissement de Paris. Seulement âgé de quinze ans, il est affecté à la propagande et à la couverture des équipes d’action.
En octobre 1942, il est arrêté une première fois mais parvient à s’évader. Devenu chef de groupe en mai 1943, il doit s’enfuir en décembre, son réseau étant infiltré par la Gestapo. La filière par laquelle il veut rejoindre les Forces Française Libres à partir de Perpignan est également infiltrée.
Arrêté le 10 janvier 1944 à la frontière espagnole après une chasse à l’homme mouvementée, cette fois aucune possibilité d’évasion ne s’offre à lui. Il est incarcéré au secret dans l’une des cellules de la citadelle de Perpignan.
Après plusieurs interrogatoires musclés et une simulation d’exécution, début février les nazis le transfèrent au camp de Royallieu à Compiègne.
Avec 1700 autres résistants, il prend le train de la déportation le 27 avril 1944. Le 30 avril, le convoi s’arrête à Auschwitz-Birkenau, le camp de la Solution Finale, où il est tatoué sur l’avant-bras gauche du numéro matricule 185074. Ce transport, que l’Histoire a retenu sous le nom de « Convoi des Tatoués », connaît successivement les camps de concentration de Buchenwald et d’extermination de Flossenbürg.
André Bessière, quant à lui, est envoyé au kommando Flöha en Saxe où il aura notamment comme compagnon d’infortune le poète Robert Desnos. Il survivra à une meurtrière « marche de la mort » avant de rejoindre Theresienstadt dans les environs de Prague où il sera libéré par les Russes le 9 mai 1945.
Pendant quatre semaines, il sert dans les rangs de l’armée soviétique dans le but de ravitailler ses camarades alités, ce qui lui vaudra d’être atteint par l’épidémie de typhus sévissant dans le ghetto privilégié.
Rapatrié en France par avion sanitaire le 23 juin 1945, il reste six mois en convalescence puis rejoint l’armée d’Afrique. Affecté dans les troupes d’occupation en Allemagne, il ne peut poursuivre sa carrière militaire à cause d’un mal contracté en déportation le faisant réformer en 1948.
Il reprend alors ses études et obtient son diplôme d’ingénieur en 1950, fonde sa propre entreprise et, dans les années 60, co-participe à d’importants travaux dans le Constantinois, vivant le drame algérien jusqu’à son terme.
Au sein d’associations patriotiques, il a assumé et assume toujours diverses responsabilités : de 1981 à 1990, secrétaire général de l’Union départementale des Combattants Volontaires de la Résistance de l’Hérault et co-président de la section bitteroise des Déportés et Internés de la Résistance, de 1997 à 2003, conseiller départemental de l’Office Nationale des Anciens Combattants de Paris, depuis 1991, président du Cercle Austerlitz (Cercle de réflexion pour la défense des valeurs) et depuis 1995, président national de l’Amicale des Déportés Tatoués du 27/4/44.
Il a signé plusieurs ouvrages : « Le convoi des tatoués », « L’engrenage », « D’un enfer à l’autre » et « Destination Auschwitz avec Robert Desnos », qui évoquent la vaste fresque historique dont il est un des témoins. Par ailleurs, auteur d’articles et conférencier, il va à la rencontre des jeunes générations en répondant présent lorsqu’il est sollicité par des établissements scolaires ou militaires.
Ses états de service lui ont valu la Médaille Militaire, la Croix de guerre avec palmes et le grade de chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur.
Découvrez le témoignage vidéo d’André Bessière, résistant-déporté
Robert Desnos. La déportation. Témoignage d’André Bessière