« Parcours de Résistants »
Rencontre prévu le 27/04/2006
Mémoire et Espoirs de la Résistance et le Mémorial Maréchal Leclerc de Hauteclocque / Musée Jean Moulin, ont organisé le 27 avril 2006 une rencontre entre des témoins-acteurs de la Résistance et des élèves du collège Daniel Mayer, de Paris XVIII°, accompagnés de leurs professeurs, et toujours un très fidèle public. Cet après-midi, deux femmes et trois hommes évoquent leur « parcours de Résistants ». Tous les cinq après la débâcle de juin 1940, ont fait partie de ces « NON » du premier jour qui n’ont pas accepté la défaite, l’occupant et ses lois raciales, l’État français du maréchal Pétain avec sa soumission : Ils ont donc « tout naturellement » relevé la tête et choisit « la Résistance ».
Dès 1940 la famille de Jean Raphaël Hirsch entre en Résistance, « …pour l’enfant que j’étais, 1940 fut, un choc intense, devant le désarroi des adultes et de la soumission de beaucoup d’entre eux… ». Paris occupé est dangereux pour les familles juives, arrestations, rafles se succèdent, ses parents décident de passer en zone dite libre début 1942. C’est allongé sous le ventre d’une locomotive qu’il rejoint avec sa mère le Tarn-et-Garonne, où son père médecin juif organise le regroupement d’enfants juifs pour les sauver de la déportation. Agent de liaison à 9 ans dans le réseau monté par son père, il témoigne « …Que la France profonde des campagnes fut accueillante…, parcourant les routes à vélo, combien de fois de généreux paysans, m’ont offert de la nourriture et un toit… ». Ces parents sont arrêtés et déportés en octobre 1943, sa mère est morte à Auschwitz, son père a survécut à « l’indicible avec à jamais un terrible regard d’ailleurs… ».
Pour Charlotte Nadel la méfiance, puis le rejet que lui inspire le nazisme lui a été, dès 1934, communiqué par son professeur d’allemand. « Donc en 1940 c’est congénitalement que je suis contre le nazisme », dit-elle et immédiatement accepte la proposition que lui font Hélène Mordkovitch, Philippe Viannay et Robert Salmon, étudiants à la Sorbonne, d’entrer en Résistance et de créer un « vrai journal d’informations ». Elle deviendra l’âme de la fabrication de ce journal et fondera l’atelier de typographie de « Défense de la France » avec l’aide de Jacques Grou Radenez, imprimeur et d’Alain Radiguer, un gérant de fonderie. Recherchée par la Gestapo ? « Le risque ! nous n’y pensions pas, …convaincus qu’il fallait se battre… c’était une certitude… » .
Cécile Rol-Tanguy qui fut l’épouse de l’un des principaux acteurs de la libération de Paris, est aussi une résistante de la première heure, enfant elle accompagnait ses parents dans les réunions antifascistes du milieu des années 1930. Dès le 19 août 1940 elle tape des tracts et divers textes pour les militants du Syndicat des Métaux devenus clandestins. Puis, accompagne son mari dans la lutte clandestine « …Je suis devenue son agent de liaison, sa secrétaire….et c’est ainsi que j’ai vécu, aux premières loges ! …, la semaine de la Libération de Paris : dans les catacombes où était le P.C. des FFI. de Paris… ». Résistante discrète « …Ce n’était pas un temps facile, mais je n’ai jamais eu peur….durant ces années … j’ai malgré tout mis au monde deux enfants !… », avouant avec malice que leur poussette transportait des armes et son cabas des tracts.
Diversité des parcours, Robert Pestiaux et Christian Roy n’ont pas compris, en juin 1940, comment un Maréchal de France ait pu demander de déposer les armes « c’était une honte infinie et une peine totale ». Ils répondent en rejoignant en Angleterre le général de Gaulle et vont faire partie des premiers de Français libres qui défilent le 14 juillet à Londres. Puis ils racontent, à l’appui d’anecdotes originales et passionnantes ce que furent leurs premiers pas en Grande-Bretagne, l’accueil qu’ils reçurent, la méfiance aussi à leur égard et enfin la découverte d’un général « immense » qui après qu’il eut parlé « …nous avons compris que nous n’étions pas une sorte de légion étrangère…mais des Français Libres qui voulaient continuer le combat avec les Anglais… ». Ils seront de tous les combats menés par la 1ère DFL pendant les campagnes d’Erythrée, de Tripolitaine, de Tunisie, d’Italie et enfin le débarquement d’août 1944 en Provence. L’aventure, leur aventure va durer cinq ans : « Cinq ans que nous avons vécu à l’air libre ! ».
Aux nombreuses questions posées et puis en voyant tous les jeunes filles et jeunes gens se précipiter en fin d’après-midi vers nos cinq amis « Résistants-témoins », en leur demandant de dédicacer leurs cahiers, on peut penser que ces récits resteront dans la mémoire des élèves de cette classe du collège Daniel Mayer.
Transcription Jean Novosseloff