« Lutétia » Conférence de Pierre Assouline
Rencontre prévu le 24/06/2005
Cette année l’assemblée générale de notre association Mémoire et Espoirs de la Résistance c’est clôturée avec la présentation par Monsieur Pierre Assouline de son dernier livre « Lutétia ». Accompagné de Madame Gisèle Guillemot, résistante et déportée et de Mesdames Elisabeth Auclerc Hakin et Jeanne Boucourechtiev, à l’époque lycéennes à Fénelon et bénévoles à l’accueil des déportés.
Pierre Assouline n’a pas vécu ces événements, mais il fait partie de ces quelques écrivains dont la plus grande partie de leurs œuvres a pour toile de fonds les années 1938-1945 qui ont profondément marqué plusieurs générations de Français.
« Lutétia » est un roman historique qui a pour cadre ce grand hôtel mythique et unique « palace » de la Rive gauche à Paris où si le personnage central, détective privé de l’hôtel et Alsacien de surcroît, est imaginaire tous les autres ont existé et permettent à l’auteur de brosser un tableau sans complaisance et très véridique des années 1938-1945. Dans son exposé, Pierre Assouline, rapporte quelques anecdotes, comme celle où le Général de Gaulle, bref locataire de l’hôtel en mai juin 1940, fait attendre la caravane ministérielle qui quitte Paris le 10 juin 40, pour Bordeaux, afin de régler sa note d’hôtel mais oubliant sa cantine, qui n’intéressera pas les Allemands, et qu’il retrouvera intacte à son retour dans la capitale en août 1944. Dans cet hôtel réquisitionné dès juin 1940 par les Allemands, pour leurs services d’espionnage, il évoque les arrestations des résistants qui étaient incarcérés dans la prison du Cherche-midi toute proche, et la fréquentation des salons de l’hôtel, qui ne désemplissaient pas, par un certain public composé de trafiquants de haut vol, d’agents français de la gestapo, tous personnages peu recommandables qui peuplèrent ces années, mais aussi d’artistes côtoyant des officiels nazis, en un mot : les heures sombres de la collaboration.
A partir d’avril-mai 1945, transformé en centre d’accueil,les déportés, souvent dans un état critique y arrivent, transportés en bus depuis la gare de l’Est et accompagné par des bénévoles comme entre autres Bertrand Poirot-Delpech futur académicien âgé de 16 ans ou Michel Rocard futur Premier Ministre. Elisabeth Auclerc et Jeanne Boucourechtiev, dont le frère François Bayet venait de mourir à Dachau, confirme que malgré leur dévouement, leurs nuits passées à « Lutetia » pour accueillir et réconforter ces femmes et ces hommes, revenu de l’enfer, la tâche était difficile. Pour Gisèle Guillemot le choc du retour fut brutal : « Il est vrai que les gens qui nous accueillaient ne s’attendaient pas à recevoir des êtres aussi démunis, aussi misérables »