Les rapports entre Winston Churchill et Charles de Gaulle par Michèle Cointet
Rencontre prévu le 15/04/2010
Conférence du jeudi 15 avril de Madame Michèle Cointet Quelles furent les « relations de guerre » entre Winston Churchill et Charles de Gaulle entre juin 1940 et août 1943 date à laquelle le Comité français de Libération nationale (CFLN) est reconnu par les Alliés ? C’est la question à laquelle devait répondre Michèle Cointet, au cours de la conférence qu’elle a donnée dans les salons de la Fondation de la Résistance jeudi 15 avril 2010. Si Winston Churchill et Charles de Gaulle furent unis dans le refus de la défaite et la défense de la liberté du monde et de ses valeurs morales leurs relations seront souvent conflictuelles. Il s’agissait de deux personnalités hors du commun, qui portaient chacun sur leurs épaules le destin de leur pays. Relations déséquilibrées et conflictuelles entre un homme « … seul et démuni tout…» jaloux de son indépendance et nourrissant quelques défiances à l’égard de la Grande-Bretagne et un homme certes francophile mais comptable d’un immense empire, pris dans la tourmente d’un conflit mondiale et dont le regard au fil des années de guerre se tournera plus vers son allié d’outre Atlantique. Si en juin 1940 l’entente est amicale entre le Général qui de Londres venait de lancer son « Appel » à poursuivre le combat et le Premier Ministre Britannique qui galvanisait ses compatriotes en déclarant à la Chambre des Communes : « Nous irons jusqu’au bout. », très vite, après cette première « lune de miel » des froissements entre les deux hommes ne tarderont pas à apparaître. L’échec de Dakar (fin septembre 1940), la faiblesse des ralliements au général Gaulle, et les discrètes relations entretenues par les Anglais avec Vichy entretiendront ces premières discordes, heureusement tempérées par leur entourage et en particulier par le francophile chef du foreign office Anthony Eden. Le comportement des autorités civiles et militaires anglaises en Syrie et au Liban vis-à-vis de Vichy, puis les suites du déclenchement de l’opération franco-britannique en juin 1941 en Syrie et enfin, le débarquement des Anglais à Madagascar en mai 1942 aggraveront singulièrement les rapports entre les deux hommes. Le débarquement des Alliés en Afrique du Nord dont le général ne sera averti que quelques jours avant, ainsi que le « mariage forcé » avec Giraud que Roosevelt et Churchill veulent imposer au Général rendront les tête-à-tête de Gaulle – Churchill tumultueux. Aux périodes de crises et de tensions entre juin 1940 et août 1943 se succèderont des rencontres où l’entente entre ces deux personnalités d’une grande intelligence et au caractère bien « trempé » fut constructive et empreinte de sérénité et parfois d’humour. Tout en long de son exposé imagé et vivant Michèle Cointet a su faire revivre, souvent au mot à mot, les dialogues entre les deux hommes et l’atmosphère des Chequers où se déroulaient leurs entretiens. Churchill s’était un jour exclamé : « De Gaulle ? Ah ! C’est l’Homme de la France », tandis que De Gaulle écrivait le 24 janvier 1965 à l’occasion des obsèques de Winston Churchill : « Dans ce grand drame, il fut le plus grand ».
Transcription J.N.