Le Maquis Vallier
Rencontre prévu le 07/05/2002
Ce département a servi de cadre à deux des événements les plus importants de la période, le sabordage de la flotte à Toulon, le 27 novembre 1942, et le débarquement allié du 15 août 1944 sur les plages des Maures. Si le premier n’est pas un acte de résistance, le second, par contre, a été appuyé par l’action – généralement sous-estimée – des résistants provençaux en général et varois en particulier.
Avant-guerre, la forte tradition républicaine du département s’incarne dans un vote majoritairement à gauche, surtout socialiste ou socialisant, parfois communiste. La fidélité de ce Var que l’on dit « rouge » se traduit le 10 juillet 1940 par le choix du « non » aux pleins pouvoirs du Maréchal Pétain de la part de quatre de ses parlementaires – trois SFIO et un radical-socialiste – sur les six présents à Vichy ce jour-là, les deux députés absents, communistes, étant en prison.
En dépit de cette orientation, le développement de la Résistance n’est pas plus aisé qu’ailleurs dans ce département épargné par l’exode et les combats, loin des occupants et marqué, à Toulon tout au moins, par la présence de la Marine qui est l’un des piliers du régime nouveau.
Cependant, l’écoute de la BBC est précoce et les premiers groupes d’opposants et de résistants, hostiles à la collaboration ou poussés par la répression et le sectarisme du régime de Vichy, se forment à partir de l’automne de 1940, autour de militants écoeurés ou menacés, de réfugiés, alsaciens et juifs, et de jeunes gens en révolte. Les premières initiatives sont tâtonnantes: chaînes de recopiage de tracts, diffusion à l’aveuglette par voie postale, graffitis, tentatives de départs vers l’Afrique du nord, sévèrement sanctionnées par le Tribunal maritime. Anglophilie et gaullisme rassemblent la plupart de ces hommes et quelques femmes, généralement issus de la gauche socialisante ou de la démocratie-chrétienne, qui sont parfois francs-maçons et souvent fonctionnaires ou membres des professions libérales.
Le réseau franco-polonais F2, vite implanté à Toulon autour de syndicalistes CFTC de l’arsenal, les correspondants du général Cochet et les premiers contacts d’Henri Frenay à Fréjus Saint-Raphaël servent de matrice aux petits noyaux de résistance qui s’organisent dans le courant de 1941 et 1942, s’étendant à partir des villes du littoral, Toulon, La Seyne, Hyères, Saint-Raphaël en particulier, vers l’intérieur où leur influence est relayée par Draguignan, la préfecture, et Brignoles. Combat devient le mouvement le plus important avec un double recrutement, socialiste dans l’Est-Varois et plus bourgeois dans la région toulonnaise autour de l’industriel alsacien Robert Blum et de son successeur à la tête du mouvement, Henri Sarie, secrétaire général de la sous-préfecture. Libération est plus à gauche, animé par des syndicalistes CGT confédérés ou CFTC – comme Georges Cisson, ingénieur des Ponts et Chaussées – et des socialistes, tandis que Franc-Tireur, présent essentiellement à Toulon et Hyères, rassemble quelques fortes personnalités autour de John Mentha, un assureur d’origine suisse, et de Marcel Abraham, ancien collaborateur de Jean Zay, réfugié à Toulon après le démantèlement du réseau du Musée de l’Homme. Si F2, à travers plusieurs sous-réseaux Marine, en est le doyen, d’autres réseaux de renseignement, dont la base est identique à celle des mouvements, ne tardent pas à se former avec l’appui des Britanniques: réseau Mithridate créé à Saint-Raphaël par l’industriel Herbinger, éléments du réseau Carte qui participent aux liaisons maritimes dont les criques de l’Estérel sont le cadre en 1942, réseau Alliance, etc.
De leur côté, les communistes, en dépit d’une répression qui les décapite régulièrement entre 1940 et 1942, parviennent à se réorganiser autour de Saint-Tropez, de Hyères et, non sans difficultés, dans la région toulonnaise. Quelques jeunes ouvriers constituent leur fer de lance. Le parti clandestin parvient à assurer des contacts réguliers avec l’intérieur en 1942 et tente de donner vie au Front national. Son principal succès en ce domaine est la cooptation au comité FN de zone sud du député SFIO Zunino, l’un des « 80 ». Parallèlement et de façon autonome, les communistes italiens, regroupés par Giuliano Pajetta, constituent d’autres groupes clandestins en liaison avec la direction marseillaise du PCI, avant d’être repris en mains par leurs camarades français.
Cet ensemble d’oppositions s’exprime plus ouvertement en 1942. La rupture avec les illusions premières entretenues par le régime est alors totale. Signe de ce rejet, la vague de protestations que la misère et les pénuries engendrent dans les premiers mois de 1942 avec les encouragements d’une résistance encore peu organisée. De très nombreux mouvements de ménagères et une grève des mineurs de bauxite fin mars marquent cette période où l’on renoue avec la manifestation publique. D’autres cortèges, patriotiques ceux-là, les 14 juillet et 11 novembre suivants, en particulier dans les régions de Toulon et de Draguignan, sont encore plus significatifs du changement accompli.
A l’automne 1942, bien qu’encore numériquement faible et très hétérogène, la Résistance est pour l’essentiel en place dans ses structures, ses cadres et même ses formes d’action.
L’occupation, italienne jusqu’au 9 septembre 1943, puis allemande, transforme les conditions de son combat. Elle provoque un choc chez tous et, chez certains des fidèles du régime (policiers, militaires, membres du clergé ou hauts fonctionnaires), une rupture d’allégeance, favorisée par la défection du général Giraud qui a quitté la France pour l’Algérie au Lavandou dans la nuit du 6 au 7 novembre grâce au réseau Alliance.
Les effets de la présence tangible de l’occupant sont amplifiés par l’écho des combats en Afrique du Nord et à Stalingrad et, surtout, par la menace que le STO fait désormais peser. Même si elle est moins lourde que celle de la Wehrmacht, l’occupation italienne n’en est pas moins ressentie comme intolérable. Les carabiniers opèrent de nombreuses arrestations et l’OVRA – la police politique – apporte son concours à la « Gestapo » de Marseille dans la vaste opération de démantèlement des MUR entreprise entre mars et mai 1943 (affaire « Flora » diligentée par Dunker Delage).
Les trois principaux mouvements se sont fondus dans les MUR durant les premiers mois de 1943. Le Var fournit à leur direction provençale plusieurs de ses membres : John Mentha, qui participe au premier directoire régional, le colonel Duboin, chef régional de l’AS, qui est arrêté le 27 avril et choisit le suicide, Henri Sarie, chef départemental de Combat qui devient chef régional des MUR en juin, avant d’être désigné comme préfet de la Libération et remplacé par Max Juvénal en octobre, ses deux adjoints au directoire, Frédéric Fortoul, pour Franc-Tireur, chargé des Groupes francs et Georges Cisson, chef régional de Libération, qui prendra ensuite la responsabilité régionale du NAP et de la presse, Frank Arnal, membre du réseau F2 puis de Combat, chef régional du SR des MUR.
Autour des MUR et de l’AS, se constitue le pôle le plus important de la Résistance locale. Implanté dans tout le département, il sert de base à des services tels que le NAP ou le Service maquis, mis sur pied par le transporteur hyérois Louis Picoche. Ce service regroupe des réfractaires cachés dans les chantiers forestiers dans un important maquis AS à l’automne 1943. Ce maquis appelé Vallier d’après le pseudonyme de son chef circule jusqu’à l’été 1944 dans le Haut-Var, autour du Plan de Canjuers. Des MUR dépendent aussi plusieurs Groupes francs successifs qui interviennent dans la région toulonnaise et sont à l’origine d’actions retentissantes. Les MUR ont l’initiative d’un comité de coordination de la Résistance, l’un des premiers en France, sinon le premier, qui se réunit dans les faubourgs de Toulon le 23 avril 1943 et se transforme à l’automne en CDL. Présidé par Sarie puis par Arnal, composé de douze membres, il est largement dominé par les MUR et leurs alliés représentés ès-qualité (franc-maçonnerie, CGT « confédérée » et parti socialiste dont le délégué est Henri Michel, futur historien de la Seconde guerre mondiale). Les communistes n’ont qu’un représentant, mais font admettre le FN puis obtiennent le remplacement du délégué CGT par un « unitaire » à la fin de l’année.
La Résistance communiste connaît un essor spectaculaire à partir de 1943 sous la houlette de militants politiques d’envergure, comme le leader lyonnais Julien Airoldi. Alors que le FN reste à la traîne et que les comités de femmes sont souvent théoriques, sa partie la plus dynamique est constituée par les FTP et quelques militants syndicaux. L’un des plus importants maquis de Provence est créé dans les Maures en février-mars 1943 (camp Faïta, puis 1ère compagnie FTP de Provence). Composé de militants venus de toute la région provençale, de réfractaires et de soldats italiens récupérés en septembre 1943, il fait preuve d’une grande activité (sabotages divers et coups de main), mais, décapité par la répression, affecté par une trahison, cible de plusieurs attaques allemandes (9 morts à Signes le 2 janvier 1944, etc.), il est contraint de se déplacer vers le Var intérieur (secteur de la Sainte-Baume), puis de se replier dans les Basses-Alpes, département qui paraît plus sûr et où le ravitaillement est plus facile. Parallèlement, Italiens et Bulgares, souvent anciens d’Espagne évadés des camps d’internement, animent les FTP-MOI, particulièrement actifs à Toulon, tandis que les Jeunesses communistes servent d’assises aux groupes « légaux » des FTP, présents dans quelques grosses bourgades de l’intérieur (région dracénoise, Barjols) et du littoral (Saint-Tropez-Hyères, région toulonnaise). Les militants communistes sont à l’origine de la reconstitution clandestine de la CGT dans l’arsenal de Toulon et les chantiers navals de La Seyne. Dans cette localité, ils parviennent à entraîner l’ensemble des salariés dans une série d’actions – manifestations et grèves – qui instaurent à partir de novembre 1943 une sorte de contre-pouvoir ouvrier local. Appuyé sur ces résultats, sur l’attraction incontestable qu’il exerce grâce à des militants exemplaires et sur l’image devenue positive de l’URSS, le Parti communiste se montre désormais un partenaire difficile pour les MUR dont il conteste le pouvoir au sein du CDL et la stratégie, dénoncée comme « attentiste ».
Par ailleurs, un autre pôle est en train de se constituer sur les marges des MUR. Hétérogène, à finalité militaire, il est formé par une nébuleuse de réseaux souvent greffés sur les groupes locaux des mouvements. Il repose sur les organisations qui dépendent d’Alger, en liaison avec les services alliés ou ceux du colonel Paillole, et bénéficient des liaisons par sous-marins qui aboutissent à Ramatuelle entre février et novembre 1943 : l’ORA, mise sur pied dans le courant de 1943 par le colonel Lelaquet et qui a pris sous son contrôle une partie de l’AS, le réseau Edouard, bâti par la Sûreté navale, des réseaux britanniques (Jade par exemple) ou américains (Hi-Hi, réseau OSS Brown). A cet ensemble, s’ajoutent des éléments du SOE, qui assurent le 15 septembre 1943 le premier parachutage d’armes et sur lesquels les socialistes essaient tardivement d’édifier une organisation autonome, mais aussi les organisations liées directement aux services gaullistes, à commencer par la SAP, qui tend, elle aussi, à devenir autonome alors qu’elle contrôle les parachutages reçus à partir de la fin décembre 1943 sur le Plan de Canjuers et dans la région de Brignoles, et des réseaux comme Gallia ou ceux de la « famille » Phratrie. Au total, plus d’une vingtaine de réseaux divers sont présents dans le Var en 1943-1944, pourvus de moyens importants et échappant au contrôle des directions MUR ou AS.
Avec les Allemands, la répression se durcit, mais sans parvenir à porter des coups décisifs à la Résistance. Il est vrai qu’elle a changé de dimensions, qu’elle bénéficie de la connivence d’une grande partie de la population et qu’elle jouit de complicités nombreuses dans l’administration. Les succès des manifestations de rue, celle du 11 novembre à Toulon ou les obsèques de victimes des occupants ailleurs, en apportent les preuves.
Les bombardements qui affectent durement la région toulonnaise à partir du 24 novembre 1943 ne retournent pas l’opinion. Si l’on vit dans la peur, on n’en attend pas moins la Libération.
Politiquement divisée entre communistes et mouvements (qui participent de la mouvance socialisante), éclatée entre plusieurs centres de décisions, fragmentée en cellules locales, la Résistance aborde le printemps 1944 en ordre dispersé. Le CDL est pratiquement paralysé par les dissensions. Les FFI apparaissent comme l’émanation des MUR. Ils sont dirigés par le capitaine Salvatori, jusque-là chef départemental de l’AS, mais l’ORA, la SAP et les FTP leur échappent, tout comme la nouvelle liaison par mer que le lieutenant Pelletier a eu pour mission d’établir entre Saint-Tropez et la Corse. Des embryons de nouveaux maquis sont en place dans le Haut-Var (détachements FTP Battaglia et Robert, camp SAP du Malay, chantier forestier du Pélenq créé par Daniel Bénédite, ancien responsable du Comité de secours américain de Marseille).
L’heure de la Libération paraît sonner le 6 juin. La croyance en un débarquement immédiat sur la côte méditerranéenne est presque unanimement partagée. C’est la raison pour laquelle les FFI, sous la direction du CDL, mobilisent plusieurs centaines d’hommes, notamment dans le massif de Siou Blanc qui jouxte Toulon au nord. Les maquis voient leurs effectifs gonfler. Les Allemands réagissent soit directement, soit par Milice interposée, contre le village d’Aups et le Plan de Canjuers autour duquel gravitent les principaux maquis du Haut-Var (maquis Vallier, camps FTP Robert et Valcelli). Ils sont la cible de plusieurs expéditions entre juin et août 1944, provoquant plusieurs dizaines de morts, maquisards ou non. Les FFI de Siou Blanc sont parvenus à temps à se disperser (en perdant 10 hommes), mais l’état-major départemental est désorganisé, les plans éventés et les résistants démoralisés. C’est non loin de là, à Signes, que sont exécutés en deux fournées, les 18 juillet et 12 août, 38 résistants, souvent responsables importants de la Résistance provençale, victimes du SD de Marseille et de la trahison d’un officier parachuté. Parmi eux, le Varois Cisson, le lieutenant Pelletier, mais aussi le philosophe normalien François Cuzin qui, avant d’être un dirigeant de la Résistance bas-alpine, avait milité à Toulon.
L’heure est malgré tout au combat presque ouvert en dépit d’une répression accrue. Les actions armées se multiplient, oeuvres du Groupe franc Bruschini à Toulon, de la Brigade des Maures (FTP-AS) entre Sainte-Maxime et Le Lavandou, des camp FTP du Haut-Var, visant « collaborateurs » et occupants isolés. Le détachement FTP-MOI de Toulon se replie vers l’intérieur dans l’attente de la désertion d’éléments « allogènes » (Arméniens) des troupes d’occupation stationnées sur la côte en contact avec leur organisation. L’action culmine dans la semaine qui encadre le 14 juillet: manifestations de ménagères, grèves à partir du 11 à Toulon, La Seyne et Draguignan, coups de main des maquisards, diffusions de tracts et journaux accompagnent les manifestations patriotiques du 14 qui ont lieu dans plusieurs localités. La plus spectaculaire se déroule à Hyères, avec plusieurs milliers de participants.
Mais les jours qui suivent sont ponctués par les expéditions tragiques des occupants et de leurs hommes de main français: 13 morts le 22 juillet dans le secteur du Plan de Canjuers, 8 maquisards et 10 otages le 27 juillet au Bessillon, 4 fusillés à Vins le 29, etc.
Plusieurs missions parachutées semblent annoncer le débarquement. Parmi elles, la mission Sampan, chargée d’empêcher le sabotage du port de Toulon par les Allemands, apporte un appui réconfortant à la Résistance toulonnaise et au CDL. La mission Gédéon, parachutée dans la nuit du 13 août est chargée de lui venir en renfort. Elle est dirigée par Jean Ayral, ancien délégué militaire de Jean Moulin à Paris, qui mourra dans les combats de la libération de Toulon.
Le débarquement du 15 août est précédé par de violents bombardements sur la côte à partir du 11. Dans la nuit du 14, les résistants du secteur de La Motte, prévenus de l’imminence des opérations, débarrassent leur secteur des « asperges de Rommel » et facilitent ainsi l’atterrissage des planeurs du colonel Fredericks le lendemain. Parachutées autour de Draguignan, déposées à La Motte, débarquées entre Saint-Raphaël et Le Lavandou, partout les troupes trouvent des résistants pour les guider et les appuyer avec leurs maigres moyens. Elles pénètrent souvent, même sur la côte, dans des localités déjà libérées par les FFI locaux et pourvues de nouvelles municipalités. C’est le cas à Draguignan, la préfecture, dont résistants et gendarmes prennent possession dès le 16 en dépit de l’encerclement. C’est parce que le terrain est presque entièrement libéré et que la Résistance les y incite que les Américains lancent à partir de là une colonne à travers les Alpes du Sud pour se diriger sur Grenoble et déboucher sur la vallée du Rhône et qu’ils poussent jusque dans les Alpes-Maritimes.
Au total, la libération du Var se déroule en deux temps. Du 15 au 21 août, l’essentiel du département passe sous le contrôle des troupes américaines et de la Résistance locale. Entre le 20 et le 28 août, c’est la bataille pour Toulon menée par les unités, à majorité coloniales, de l' »Armée B » du général de Lattre de Tassigny. Leur action qui se heurte à une défense souvent acharnée est facilitée ici et là par l’action des FFI et la mutinerie de certains éléments « allogènes » (Arméniens à Hyères et Carqueiranne notamment, en contact avec les résistants locaux). Ce sont des FFI qui guident les soldats dans leur contournement de Toulon par le nord et leur pénétration par les faubourgs. Plus encore, à l’intérieur de la ville, FFI de Salvatori et FTP font le coup de feu sans attendre et tiennent le centre ville deux jours durant (22-23 août), épaulés par quelques éléments des bataillons de choc.
Débarqués à Saint-Tropez, le commissaire de la République, Raymond Aubrac, et le général Cochet, délégué militaire dans le Midi, prennent contact avec les responsables militaires et civils de la Résistance locale. Henri Sarie prend ses fonctions de préfet le 24 août. Le CDL s’installe à Toulon et collabore avec lui sous la présidence de Frank Arnal, qui devient aussi président de la délégation spéciale de la ville. Le commandement des FFI est attribué au colonel Lelaquet pendant que les FTP assurent une grande partie du recrutement du régiment local, le « Régiment de Maures », qui attendra longtemps avant de partir sur le front. Les Forces françaises navales libres reprennent officiellement possession du port de Toulon, le 13 septembre, deux jours avant la venue du général de Gaulle.
Les Milices patriotiques (en fait les FTP) et d’autres éléments FFI fournissent les hommes des Forces républicaines de sécurité. Les « collaborateurs » – environ 1 200 – sont internés, regroupés pour la plupart au camp de Bandol. Quelques exécutions sommaires se produisent dans les jours qui suivent la Libération (entre 24 et 29), s’ajoutant à celles qui ont eu lieu avant ou pendant (entre 73 et 86). Dès octobre 1944, les Cours de Justice de Toulon et Draguignan sont en place. Elles rendront 212 arrêts dont 29 condamnations à mort (10 suivies d’exécution).
La Résistance qui doit affronter de terribles problèmes de ravitaillement, de remise en état des voies de communication et de la zone littorale, de relogement à Toulon, recense ses morts – environ 250, non compris les résistants varois tués hors du Var, les fusillés de Signes ou les victimes accidentelles – et commence à leur rendre hommage, en attendant le retour espéré de plusieurs dizaines de compagnons déportés.
Jean-Marie Guillon