Hommage de l’Occitanie aux combattants de la brigade « ALSACE-LORRAINE »
Rencontre prévu le 10/09/2018
C’est à la caserne Pomponne qu’a été formé en septembre 1944 le 3èmebataillon, du nom de « Metz », de la Brigade Alsace-Lorraine, fondée par André Malraux et André Chamson. Roger Lefort, notre grand témoin, a fait toute la campagne dans cette glorieuse unité, en participant à la reconquête des territoires annexés par les nazis.
Ce travail de mémoire, à l’initiative de Robert Badinier, délégué régional Midi-Pyrénées de l’association des Amis de la Fondation de la Résistance, en partenariat avec la mairie de Montauban, est parrainé par la Société des Membres de la Légion d’Honneurde Tarn-et-Garonne, présidée par Philippe Bon, l’Association André Chamson, présidée par la romancière Frédérique Hébrard et l’Association des « Amitiés Internationales André Malraux », présidée par Pierre Coureux.
La première phase s’est déroulée à Montauban, le 18 juin dernier, lors de la commémoration de l’Appel du général de Gaulle, au Mémorial des Combattants, devant la stèle de la France Libre aux galets de l’Ile de Sein, au Cours Foucault, avec la lecture par Anne-Marie Bonnet et Manon Daure d’un magnifique texte dédié au chef de la Résistance française par Frédérique Hébrard, récemment paru dans la revue de la Fondation Charles de Gaulle.
La seconde phase s’est articulée lundi 10 septembre, autour de trois activités.
Dès 11h, à la caserne Pomponne à Montauban, devant la Maison de quartier, aura lieu le dévoilement de la plaque du souvenir. Pierre Coureux, président fondateur de l’association Amitiés Internationales André Malraux, fera à cette occasion la lecture du « discours de Durestal » prononcé par André Malraux le 13 mai 1972 au camp Ancel à Cendrieux, en Dordogne. Des collégiens de l’Institut Théas, sous la houlette de leurs professeurs Marie-Cécile Fayolle, Sophie Grébert et Michel Lagarrigue seront associés à des porte-drapeaux sollicités par la Médaille Militaire, en liaison avec Henry Dessaux et Michel Chatelet, pour participer à une mise en scène de la Croix de Lorraine. Ils déclameront des noms de chefs-d’œuvre du Louvre cachés au musée Ingres sous l’Occupation.
A 16h, à la Maison de la culture de Montauban, à l’Ancien collège, Micheline Cellier, Maître de conférences honoraire à l’Université de Montpellier, donnera une conférence intitulée « André Chamson : du Louvre à la Brigade ». Elle évoquera le double engagement de ce grand écrivain, dans la sauvegarde des chefs-d’œuvre du Louvre et dans la Brigade Alsace-Lorraine. A l’issue de cette conférence, la ville de Montauban remettra la Médaille de citoyen d’Honneur à Frédérique Hébrard et à Roger Lefort.
FREDERIQUE HEBRARD :
Née le 7 juin 1927 à Nîmes, Frédérique Hébrard est la fille de l’académicien André Chamson et de Lucie Mazauric, conservatrice au Louvre. Toute jeune, elle est entourée d’écrivains et se dit : « Quand je serai grande, je serai danseuse et écrivain comme tout le monde. » Elle respectera ce vœu d’enfant : lauréate du Conservatoire national d’art dramatique en 1949, elle commence par être comédienne. Cette année-là, elle épouse Louis Velle avec lequel elle jouera mais aussi écrira des romans souvent adaptés à la télévision comme La Demoiselle d’Avignon(1971), ou au cinéma comme Un Mari, c’est un mari(1976).
Ayant pris pour nom de plume celui de son arrière-grand-père maternel, Frédéric Hébrard, elle enchaîne à partir de 1954 les romans à succès : entre autres, La Chambre de Goethe(Prix Roland Dorgelès, 1981), La Citoyenne(1985), Le Harem(Grand Prix du roman de l’Académie française, 1987), Le Mari de l’ambassadeur(1990), Félix, fils de Pauline(1992), Le Château des oliviers(1993), Le Grand Batre(1999), La protestante et le catholique(avec Louis Velle, 1999), Esther Mazel(2000), Je vous aime toujours(2002),Le Goûter chez Dieu(2003), Les Châtaigniers du désert(2005), Tant qu’il y aura des chats dans une famille(2010), Divina (2012), Elle était une fois(2017).
Dans son œuvre foisonnante, affleure souvent la veine autobiographique : dans La Chambre de Goethe, elle égrène avec sensibilité les souvenirs de la seconde guerre mondiale, rattachés à Montauban où ses parents ont gardé au musée Ingres les précieux chefs-d’œuvre du Louvre en exil. C’est dans cette ville que son père, André Chamson, lui a fait comprendre qu’au-dessus des conflits qui divisent les nations, il existe une culture universelle ouverte à tous dont l’écrivain allemand Goethe fait partie, culture pour laquelle « on pouvait mourir et qui traversait majestueusement les peuples et les siècles comme un grand fleuve sans que rien ni personne ne puisse l’arrêter. Rien ni personne. Pas même Hitler ».
MICHELINE CELLIER :
Micheline Cellier, agrégée de Lettres modernes, est Maître de Conférences honoraire à l’Université de Montpellier. Elle a enseigné à l’Ecole Supérieure du Professorat et de l’Education de Montpellier jusqu’en 2016.
Indépendamment de nombreux travaux de didactique sur la langue et la littérature française à destination des enseignants et d’ouvrages parus aux éditions Retz et Hatier, elle a consacré la plupart de ses publications d’ordre littéraire à André Chamson (1900-1983), académicien français et figure exemplaire des intellectuels des années 30 dont elle est une des spécialistes : elle a fait sa biographie en 2001, préfacée par Frédérique Hébrard (Librairie académique Perrin) et a participé à l’édition de ses œuvres en trois volumes (Omnibus, 2001-2005) ; elle continue à écrire de nombreux articles sur les principaux aspects de sa vie et de son œuvre et assure de multiples conférences auprès de publics divers. Elle est, depuis 2017, vice-présidente de l’Association André Chamson que préside Frédérique Hébrard, sous la bienveillante autorité de l’académicien René de Obaldia. Cette association a pour objectifs de promouvoir et diffuser l’œuvre d’André Chamson, d’encourager et de faire connaître les études universitaires, françaises et étrangères, parues à son propos et d’informer le public le plus large des manifestations le concernant et des rééditions de ses ouvrages.
Le site est accessible à partir du lien : www.andrechamson.fr
PIERRE COUREUX
Pierre Coureuxest le président fondateur des « Amitiés Internationales André Malraux ». Son parcours, dès l’Université où il obtiendra un doctorat, révèle ses points d’ancrage, Littérature, Histoire, Arts, Pédagogie, Culture, mais aussi son goût de l’action et de la construction commune. Ce goût, il l’exercera comme enseignant en coopération culturelle au Maghreb d’abord, puis en Afrique où il va former et animer une équipe d’enseignants au service de la langue française. Ce qui va beaucoup le marquer et déterminer ses choix ultérieurs, ses fonctions de lecteur de français et d’animateur pédagogique au sein de l’Institut des Nations-Unies pour la Namibie à Lusaka. Il terminera sa carrière à l’Education Nationale en tant qu’administrateur des ressources culturelles pour l’académie de Créteil.
Ce qui continue de le caractériser le plus, c’est son engagement constant au service de la culture. Bénévole très impliqué dans le milieu associatif, la passion partagée pour André Malraux l’incite à créer, il y a plus de 22 ans, les « Amitiés Internationales André Malraux ». Il est apprécié en France et hors de nos frontières, cette association compte actuellement à l’étranger plus de 80 correspondants. Dès lors, conférences, expositions, manifestations, nationales et internationales, se sont succédé, mettant en valeur l’œuvre et la vie d’André Malraux dont Pierre Coureux aime à rappeler, pour mieux les faire fructifier, grâce à l’hommage que lui rendra Montauban, les nombreuses complicités avec André Chamson : celle des samedis de Daniel Halévy, celle des décades de Pontigny, celle de la guerre d’Espagne, et, avant toutes les autres qui suivirent, celle, bien sûr, de la Brigade Alsace-Lorraine qui sera honorée le lundi 10 septembre 2018 à Montauban.
ANDRE CHAMSON
ANDRE MALRAUX AVEC ANDRE CHAMSON
ROGER LEFORT aujourd’hui
Roger Lefort, délégué régional Alsace-Lorraine de Mémoire et Espoirs de la Résistance, nous a apporté un témoignage qui a été déterminant dans cet hommage. Plus qu’un témoin oculaire, il a participé au rassemblement et au départ de la Brigade Alsace-Lorraine, de la caserne Pomponne. Il s’est engagé volontairement dans la compagnie Kléber au 3èmebataillon de la Brigade Alsace-Lorraine, portant le nom de « Metz », commandé par Charles Pleis, originaire des maquis d’Aquitaine ( Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Landes, Lot, Pyrénées-Atlantiques, Tarn-et-Garonne). Il a été embarqué de Montauban, le 10 septembre 1944, après l’entrevue d’André Chamson avec le général de Lattre de Tassigny, commandant la 1èreArmée française. Roger Lefort a fait toute la campagne dans ce bataillon qui, avec les deux autres, les bataillons « Mulhouse » et « Strasbourg », ont constitué cette glorieuse unité. Le bataillon « Mulhouse » a été formé avec des maquis de Savoie et de Haute-Savoie, celui de « Strasbourg », avec des maquis de Dordogne.
Roger Lefort parle avec beaucoup d’estime de son chef prestigieux, le colonel André Malraux, « devenu un personnage emblématique fort courageux et payant d’exemple, une sorte d’icône incontournable », tout comme du commandant en second, le colonel Pierre-Elie Jacquot, « un militaire de carrière, l’indispensable conseiller et stratège ».
Roger Lefort a servi la Résistance dans les rangs des Francs-Tireurs Partisans Français du Lot jusqu’à la libération de Toulouse. Il précise que « durant cette période début septembre 1944, comme ce fut le cas dans la plupart des maquis du Sud-Ouest, les partisans originaires d’Alsace-Moselle eurent la possibilité de s’engager dans une unité en formation, la Brigade Alsace-Lorraine qui aurait vocation à se battre pour libérer les départements illégalement annexés. Le regroupement des volontaires s’est fait à la caserne Pomponne de Montauban, sous le commandement d’André Malraux qui avait été désigné par ses pairs. C’est donc dans ce lieu que partit pour la campagne d’Alsace en ordre de bataille l’unité constituée ».
ROGER LEFORT dans la Brigade Alsace-Lorraine
Roger Lefort est un acteur de l’histoire et aussi un acteur de mémoire, soucieux de faire vivre l’esprit de la Résistance, le courage et l’audace des combattants de la liberté. Il reconnaît que « les évacués non rentrés en Alsace-Moselle, les expulsés, les évadés et réfractaires à l’incorporation de force dans l’armée allemande, outre le fait d’avoir rejoint en nombre les maquis des régions d’accueil, se faisaient un point d’honneur de participer, les armes à la main, à la reconquête des trois départements annexés de fait et donc à la libération de la patrie. » C’est un honneur en effet d’avoir fait partie de la Brigade Alsace-Lorraine, « cette Brigade unique, comme le fait remarquer si bien Micheline Cellier, inspirée par une double impulsion littéraire qui la rend éminemment originale ».
Robert Badinier