« Du surréalisme à la Résistance : le parcours de Robert Desnos » le mercredi 14 octobre 2015
Rencontre prévu le 14/10/2015
le mercredi 14 octobre 2015, devant une très large assistance, a organisé à l’auditorium de l’Hôtel de ville de Paris un colloque sur le thème :
« Du surréalisme à la Résistance : le parcours de Robert Desnos ».
Ce colloque autour de l’auteur du « Veilleur du Pont-au-Change » doit beaucoup à l’association des « Amis de Robert Desnos » présidée par son biographe Marie-Claire-Dumas et le concours de Jacques Fraenkel l’ami de ces sombres années. Soixante-dix ans après la mort du poète et sur un thème très proche du Concours National de la Résistance et de la Déportation 2015 -2016 « Résister par l’Art et la littérature », ce colloque se tenait fort à propos.
Marie-Claire Dumas avec une grande clarté retraça le parcours du poète plein « d’une fougue extraordinaire… » qui, assoiffé de liberté, devint à 22 ans « prophète du groupe surréaliste ». A la pointe du mouvement, Desnos le constesta néanmoins quand, en 1927, il refuse d’adhérer au Parti Communiste et romp avec les surréalistes. Ami d’André Breton dès le milieu des années 30 il est touché par la guerre civile espagnole. Antifasciste et militant contre l’antisémitisme, l’ancien pacifiste écrit en 1938 « Je chante ce soir non ce que nous devons combattre mais ce que nous devons défendre…… ». En 1941 il publie « sous le manteau » Etat de veille où il écrit «…en définitive, ce qui doit être libre n’est pas la poésie, c’est le poète ». Profondément choqué par la rafle du Vel d’Hiv, il rejoint très tôt le réseau AGIR, fabrique des faux papiers, puis passe à l’action directe : « le sabotage ». Il fait également de la poésie une arme contre l’occupant. Le 22 février 1944, trahit, il est arrêté et déporté « …là-bas où le destin de notre siècle saigne… ».
Puis Jacques Fraenkel, avec beaucoup d’émotion s’est souvenu du « petit juif qui vivait cloîtré avec son père » et que le poète régalait de ses propos toujours drôle… et aussi « des fausses cartes d’identités » qui lui sauverons la vie.
André Bessière Résistant-Déporté, aujourd’hui âgé de 91 ans, a évoqué son compagnon d’infortune et « voisin de paillasse », celui qu’Aragon, dans un émouvant poème appelle : « Robert le Diable,… celui qui partit de Compiègne accomplir jusqu’au bout sa propre prophétie ». Le 27 avril 1944 raconte André Bessière « 1700 résistants, comprimés à plus de cent par wagons prennent le chemin de la déportation« , le voyage est un calvaire infernal qui dura « 4 jours et 3 nuits » et déboucha sur « l’enfer d’Auschwitz-Birkenau ». Tatoué : Desnos devint le numéro 185 443. C’est à Flöha en Saxe, dans une usine de production de fuselages d’avions qu’André Bessière devient son « voisin de paillasse » l’écoutant dans les rares moments de repos dont ils disposaient évoquer « les histoires cocasses, sur son Montparnasse des années 20 où il avait fait les 400 coups… » et ses « passages à la radio française lorsqu’il en était l’animateur ».
André Bessière se souvient du jour ou après avoir assisté à une triple pendaison, Robert Desnos le prit par le bras et lui dit « …écoutes petit père, tu sais, il faudra que le monde sache, il faudra le dire, il faudra l’écrire. Mais vois tu, le plus difficile sera d’approprier les mots appropriés pour ne pas sombrer dans le pathétique de feuilleton… ».
André Bessière s’acquittera quelques années plus tard de ce devoir de mémoire en rédigeant quelques-uns de ses plus beaux ouvrages sur la Déportation après avoir été témoin de la mort poète au cours des terribles marches de la mort d’avril-mai 1945.
En conclusion de cet après-midi le professeur Vincent Avazeri a présenté et commenté le film qu’il a réalisé conjointement avec les élèves de son collège (Guillaume Cale) de Nanteuil-le-Haudouin et de deux autres lycées : l’un tchèque à Olomouc et le second slovaque à Banskà Bystrica. Ce documentaire de 45 minutes suit les pas de Desnos de Royallieu à Terezin et permet de découvrir l’horreur concentrationnaire nazi, mais aussi le portrait de Marcel Herz, un jeune poète slovaque résistant assassiné par les nazis.
Manuel Valls-Vicente évoqua quant à lui l’existence méconnue de 4 clichés de Robert Desnos pris au camp de Terezin le 8 mai 1945, un mois jour pour jour avant que ce dernier ne décède. L’histoire de ces photos est singulière puisqu’elles furent miraculeusement découvertes dans les années 60 par deux personnes : Mme. Neuvecelle, dont le fils Edmond disparu également à Terezin, et Roger Frey, un camarade de déportation de ce dernier.
Retrouvez ici :
- L’intégralité de notre conférence au format audio
- L’association des amis de Robert Desnos
- Le blog du professeur Avazeri et de ses élèves : Partenariat Comenius tchèque, slovaque et français
- Le film réalisé par Monsieur Deroo, collègue du professeur Avazeri, avec tous les élèves : « Sur les pas de Robert Desnos » de Royallieu à Terezin, 1944-1945″
- La page de ressources de l’INA consacrée à la préparation du CNRD