Colloque : « Résistance et Libération par les ondes, la bande dessinée et la chanson »

Rencontre prévu le 07/04/2016

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A organisé le colloque :

« Résistance et Libération par les ondes, la bande dessinée et la chanson »

 Jeudi 7 avril 2016 à 14 heures

A l’auditorium de l’Hôtel de ville de Paris

Métro : Hôtel de Ville


Programme du colloque :

Jacques PESSIS, Journaliste et Ecrivain

La résistance par les ondes : Radio Londres, Les voix de la Liberté… « Allo Londres, ici Paris »

Xavier AUMAGE, Archiviste au Musée de la Résistance Nationale de Champigny-sur-Marne

La Résistance et la Libération par la bande dessinée

Emmanuel THIEBOT, Historien au Mémorial de Caen

La Résistance et la Libération par la chanson : du « chant des Partisans » à « Ma voiture contre une jeep »

Fabienne FEDERINI, sociologue

Penser l’oubli après 1945 : Voies du Silence, voix de l’absence


IMG_1990C’est un après-midi « illustré et sonore » qu’a offert M.E.R à ses adhérents et amis à l’occasion du colloque organisé à l’auditorium de l’Hôtel de Ville de Paris sur le thème : « Résistance et Libération par les ondes, la bande dessinée et la chanson ». Après la projection du film de Jean Mineur de 1946 « Ici Londres…Ici Paris » Jacques Pessis, écrivain et journaliste, a évoqué l’histoire de cette petite communauté d’hommes déterminés qui sut mettre du baume au cœur des Français occupés. Ils s’appelaient Pierre Bourdan, Jacques Duchesne, André Gillois, Jean Oberlé, Maurice Schumann…. « Soldats du micro » ils ont pendant près de mille cinq cents soirs, dans un studio de la BBC, répondu à la propagande allemande et vichyste en ne disant : « Rien que la vérité ». Dirigée par Jacques Duchesne, les programmes « Les Français parlent aux Français » commençaient par ces mots : « Radio Paris ment …Radio Paris est allemand » avec les premières mesures de la 5ème symphonie de Beethoven et devinrent très vite le quotidien des Français asservis. Dans cette guerre des ondes les armes étaient aussi des mots, l’humour corrosif du « Roi des loufoques » Pierre Dac y fit merveille avec ses slogans et ses réponses au talent dévoyé de Philippe Henriot.

IMG_1993 Xavier Aumage, archiviste au Musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne, a évoqué l’autre arme dont se servit la Résistance dans la « guerre de l’image » : la bande dessinée. Dans cette lutte face à la pauvreté de ses moyens la Résistance su se servir du dessin pour se construire une « image fraternelle, dynamique, jeune et victorieuse ». Avec humour et dérision elle prit le contre-pied d’une presse officielle dans « La mésaventure de Célestin Tournevis » transformant « le requis du STO » en « réfractaire ». A l’automne 1944 sort, illustré par Edmond-François Calvo – rédigé dans la clandestinité – deux fascicules de bandes dessinées « La Bête est morte ». Sous forme de satire animalière ils évoquent entre autre la Résistance, ses rapports avec les Alliés et la libération. Par le dessin le Maréchal Pétain est assimilé à une chouette, Laval à une vipère et le peuple à de gentils lapins/écureuils qui luttent contre les loups assoiffés de sang. A la Libération le thème du maquis est présent dans la bande dessinée et développe avec « Fifi gars du maquis » l’image du jeune combattant dynamique au brassard et à la chemise ouverte et fier de sa « Sten » et prêt au « châtiment des bourreaux ».

IMG_0648La chanson fut aussi une arme de la Résistance pour Emmanuel Thiébot Historien au Mémorial de Caen : toutes ne connurent pas le succès du Chant des partisans écrit par Maurice Druon, Joseph Kessel et Anna Marly ou La Complainte du partisan de d’Astier de la Vigerie. Mais toutes les paroles des chansons écrites par des amateurs « troubadours de la Résistance » traduisaient la  souffrance et l’espoir des femmes et des hommes de ces années terribles. Fredonnées dans la rue au nez et à la barbe de l’occupant ces chansons représentaient souvent le premier acte de courage. Quelques titres, aujourd’hui oubliés, traduisent bien ces « Année-là » : le « bougnat de Châteldon », le « Maréchal de Rethondes et Montoire », les « Milichiens »….etc. et aussi les tracas de la vie quotidienne … « tous nos petits gars de France » avaient faim et haïssaient « les pillards » chantaient « On manqu’ de pomm’s de terre » et aussi « La Défense élastique » de Pierre Dac quand les nouvelles pour l’occupant étaient mauvaise. C’est à la Libération que des chansons plus gaies firent florès épousant la joie du bonheur retrouvé : « Et ouf on respire », « Hello boy », « Hello Paris »….les alliés quittent la France après la libération  « J’ai laissé mon cœur à Paris »….  « Ma voiture contre une jeep ».

IMG_0665 Fabienne Fédérini sociologue c’est elle interrogée en guise de conclusion sur l’oubli : de qui se souvient-on ? Comment les Résistants (es) sont-ils passé (es) à la postérité ? Et comment faire vivre cet héritage qui suivant le mot de René Char, n’est précédé d’aucun testament ? En conclusion de ses propos c’est un jeune homme de 28 ans, fusillé à 32 ans qu’elle cite : Jacques Decour : « …Il faut jurer de ne plus songer qu’à aimer, aimer, ouvrir l’âme et les mains, regarder avec le meilleur de nos yeux, serrer ceux qu’on aime contre soi, marcher sans angoisse en rayonnant de tendresse. »


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