Tombés du ciel – Histoire d’une ligne d’évasion
Par Odile de Vasselot Auteur : Odile de Vasselot Éditions : Édition du Félin.
Lors d’une réunion, que notre association Mémoire et Espoirs de la Résistance avait organisé au Musée Jean Moulin, des résistants ou leur enfant avaient témoigné sur leur parcours ou celui de leurs parents. Odile de Vasselot raconta avec émotion l’histoire d’une admirable jeune infirmière belge Andrée de Jongh dite « Dédé » à l’origine de la filière d’évasion « Comète ». Aujourd’hui, elle vient de publier ses souvenirs : « Tombés du ciel – histoire d’une ligne d’évasion » – aux éditions du Félin.
La première partie de ce livre-témoignage est l’histoire de cette « ligne comète » qui de juin 40 à août 1944 permis, à environ 800 aviateurs alliés abattus au-dessus de la France et de la Belgique, et aussi à de nombreux blessés et prisonniers évadés de rejoindre par l’Espagne, la Grande-Bretagne. C’est bien sûr l’histoire de « Dédée » et ses premiers pas dans la résistance, qui avec quelques compagnons-passeurs recherchent les planques disponibles et les relais qui vont leur permettre d’abriter puis de convoyer ces évadés pour la plupart « tombés du ciel ». Histoires de ces passeurs-convoyeurs, de leurs longs voyages semés d’embûches, en trains à travers la France jusqu’à Bayonne, puis la frontière espagnole et la terrible montage qu’il faut franchir par tous les temps. Petit à petit cette « ligne » va se transformer en un vaste réseau d’évasions qui s’étend depuis les Pays-Bas jusqu’à Gibraltar. Odile de Vasselot trace quelques savoureux et rudes portraits de tous ces femmes et ses hommes courageux et tenaces qui ont choisi d’accompagner et d’abriter au péril de leur vie ces évadés. Jour après jour au travers de toutes les anecdotes, qu’elle raconte, mélange d’insolite et de tragique on voit s’allonger la liste des évadés rendus à la liberté, mais aussi la liste de tous ces anonymes dont l’histoire n’a pas retenu les noms, qui seront arrêtés, torturés et déportés. La deuxième partie du livre est le récit autobiographique, vivant et plein d’humour d’une jeune fille « de bonne famille » dont le père était officier supérieur à Metz, du temps où un certain colonel de Gaulle commandait les chars et où leurs familles se croisaient dans les salons de la garnison. Après d’exode, réfugiée en province, elle assiste incrédule aux dialogues de ses deux oncles l’un plutôt maréchaliste et l’autre plutôt gaulliste (combien de famille à cette époque eurent de telles conversations !), de retour à Paris elle n’a qu’une idée : « faire quelque chose contre l’occupant ». A l’insu de ses parents, du moins au début, elle sert d’agent de liaison au service de renseignement « Zéro », prenant le train chaque fin de semaine, elles est chargée de remettre courriers et documents à « une boîte aux lettres » à Toulouse, avec en toile de fond la menace sans cesse présente d’une arrestation par la Gestapo. C’est au début de l’année 44 qu’elle rejoindra « la Ligne comète ».
C’est un agréable récit autobiographique que nous livre ici Odile de Vasselot, avec un art consommé de l’anecdote. C’est aussi et surtout un témoignage écrit avec passion en hommages à tous ses camarades résistants-passeurs et en souvenir de tous ces jeunes gens aviateurs, insouciants et courageux qu’elle convoyait.
Lors de son témoignage, au Musée Jean Moulin, elle avait conclut son intervention par ces mots. « Quand à la fin du conflit tous ces hommes sauvés voulurent remercier « Dédé » ils s’attirèrent comme réponse : « Ne me remerciez pas, car moi j’ai eu la chance de faire la guerre sans jamais tuer personne… ».
Odile de Vasselot aurait à coup sûr fait la même réponse.
Après la guerre elle a fondé et dirigé le lycée Sainte-Marie à Abidjan.