Thérèse Lemoine « une Résistante valeriquaise de la première heure »
Par Michel Lemoine Auteur : Michel Lemoine Éditions : M. Lemoine et la Ville de Saint-Valéry-en-Caux.
Dans le livre témoignage qu’il vient de faire éditer Michel Lemoine est parti à la recherche du parcours dans la Résistance de sa tante. Jeune garçon de 14 ans, il lui avait demandé au sortir de la guerre les raisons de son engagement et plus particulièrement pourquoi en juin 1940, près de Saint-Valéry-en-Caux où elle habitait, elle avait participé au sauvetage de soldats anglais ? : « Mais parce qu’ils étaient des nôtres : » telle fut sa réponse, spontanée et avec sans doute dans le regard le prix de la souffrance qu’elle avait dû payer pour avoir participée au sauvetage de ces jeunes « Tommies » de « l’East Surrey Régiment »
Appréhendée à Saint-Valéry-en-Caux pour « le sauvetage » de six soldats, que la malchance devait conduire dans un camp de prisonniers en Allemagne, Thérèse est arrêtée et enfermée à la Prison du Cherche-Midi à Paris.
Dans sa quête aux souvenirs sur sa tante, Michel Lemoine a retrouvé des archives et des témoignages sur cette prison allemande où tout manquait et où « la volonté d’humilier les détenus » était l’une des règles de conduite des gardiens. Il décrit comment quelques prisonniers surent entretenir le moral et l’espoir des uns et des autres et trace le portrait de quelques beaux comportements comme ceux d’Agnès Humbert « merveilleuse de courage », d’Honoré d’Estienne d’Orves « Sa présence, son aura étaient déterminantes pour le moral de ses compagnes d’infortune » ou encore celui de l’abbé Stock.
L’auteur se souvient avec émotion des visites qu’il rendait avec sa mère à sa tante au Cherche-Midi, que Thérèse, condamnée à quatre ans de forteresse par le tribunal allemand de Paris, quittera bientôt pour rejoindre les prisons Reich. Puis pour cette « Résistante valeriquaise de la première heure » ce sera un long parcours de souffrance dans les camps de travail au service de la machine de guerre nazie. Elle sera libérée 14 avril 1945 par l’armée américaine.
En France malgré les hommages, les décorations et sa famille, le retour à une vie normale, comme pour tous les déportés, fut difficile tant moralement que physiquement.
Ce livre est intéressant par les témoignages qu’il apporte sur la vie dans la prison du Cherche-midi, aujourd’hui disparue et dont il ne reste à Créteil qu’un mémorial où sont honorés 106 martyrs dont 17 femmes.
L’auteur joint à ce livre le texte de l’intervention qu’il fit au cours d’une conférence sur la « Prison Militaire du Cherche-Midi, un trou noir de l’Histoire » le 12 juin 2009 à la Maison des Sciences de l’Homme à Paris : Ce texte « Paroles de femmes » est un bel hommage aux Résistantes qui furent enfermées dans cette prison.