Témoignage en Résistance
Par Philippe Mesnard Auteur : Philippe Mesnard Éditions : Edition Stock - Collection : Un ordre d’idées Oct. 2007
Le témoignage en résistance est multiple est fait appel à toutes les tentatives de transmission, et à des démarches sans fin. Sans le mot de la fin quand la « déposition » touche à l’indicible de l’expérience concentrationnaire exterminatrice qu’illustra Auschwitz.
L’ouvrage de Philippe Mesnard convoque les diverses formes d’expression mobilisées par les témoins, écrivains, journalistes, artistes. Cette étude qui porte sur l’essentiel de ce qui a pu être écrit, du génocide et de ses chambres à gaz, livre une réflexion d’une rare acuité sur l’impossible reconstitution d’une horreur jusque là inimaginable, pourtant parfaitement élaborée, structurée et planifiée.
Au « fameux dictum rabâché d’Adorno » comment en appeler à la poésie après Auschwitz (« une malheureuse phrase » pour Imre Kertesz) – comme à l’angoisse et au silence imploré par Maurice Blanchot, Philippe Mesnard oppose l’énorme corpus textuel et filmique qui a succédé aux années d’hébétude de l’immédiat après-guerre. Et lui vient en aide, la pensée de Primo levi : « on ne peut plus écrire de poésie que sur Auschwitz ».
De l’approche de la chose impensable dont aucun survivant n’a pu revenir, il a bien fallu donner l’histoire. Afin d’en retenir la mémoire, de témoigner au-delà du fait masqué, nié, effacé. Langages et images ont donc fait appel, à l’émotion certes, et aux symboles, mais non pas à l’imagination, à l’invention, car l’on sait bien, de source sûre, que seul le négationnisme reste fictionnel.
L’intérêt extrême du travail d’investigation de Philippe Mesnard est d’éclairer et de disséquer les mille formes d’écriture dans leur chair, et dans leur esprit, par les plus proches témoins de l’acheminement final. C’est en historien et en philosophe, qu’il démontre l’absolue nécessité du recours aux seules ressources possibles, les seules réelles, que sont celles de la culture, car seule le culture peut s’en prendre à ce qui, en détruisant l’homme, la détruit aussi. La présence de l’inhumain dans l’homme n’a rien d’une découverte. Les chambres à gaz d’Auschwitz se révèlent toutes seules comme l’expression la plus perfectionnée de l’Homo-destruction.