Michel Hollard, le Français qui a sauvé Londres
Par Michel Hollard Auteur : Michel Hollard Éditions : Éditions du Cherche-Midi 2005
« Dans la défaite relève le défi » ce mot que l’on prête à Churchill, Michel Hollard le créateur du réseau « Agir », « l’homme qui, littéralement a sauvé Londres » suivant Sir Brian Horrocks premier collaborateur du maréchal Montgomery, releva à sa manière le défi qu’avait lancé l’occupant nazi aux démocraties, c’est ce que montre son fils dans l’attachante biographie qu’il vient de lui consacré, aux Editions du Cherche-Midi. C’est le baptême d’un train « Eurostar » en avril 2004, du nom de Michel Hollard, qui rappellera que c’est un Français resté dans l’ombre après la guerre qui participa avec son réseau à sauver la capitale britannique des « bombes volantes V-1 » destinées à la raser. Ce valeureux combattant de la Grande Guerre, cousin du futur explorateur et humaniste Théodore Monod, fut « scandalisé par la capitulation française du 21 juin 1940, le spectacle des troupes d’occupation qui défilaient à Paris lui fut insupportable. » rapporte son fils. C’est donc tout naturellement qu’au printemps 1941, grâce à sa couverture de représentant, qu’il allait créer en solitaire un réseau de renseignements avec pour objectif d’identifier le plan de bataille des divisions allemandes en France et de le communiquer aux Anglais. Seul, sans moyen, mais avec une détermination sans faille, en l’espace de trois ans, il effectua 49 voyages, à pied ou à vélo, vers la Suisse traversant ainsi 98 fois cette frontière étroitement surveillée, pour transmettre les informations à l’attaché militaire de l’ambassade britannique à Berne. D’un immense courage, d’un charisme de tous les instants, il sut créer un réseau « rustique » par ses méthodes et son fonctionnement, mais efficace dont les renseignements « précis et sérieux s’étaient vite imposés » aux autorités anglaises. C’est l’un des agents de son réseau « Agir » qui remarqua les étranges constructions qu’élevaient dans la région d’Abbeville les Allemands et réussit à en escamoter les plans ; l’ensemble de ces documents permit aux spécialistes anglais, qui surveillaient déjà ces travaux, d’en préciser la nature : il s’agissait bien de sites de lancement. Michel Hollard, aura quelque temps après la chance, grâce à des complicités, de s’introduire dans un hangar où était stocké « un étrange engin volant », d’en faire le relevé, d’en noter les caractéristiques et de les faire parvenir aux services anglais. Il mobilisa tous les agents du réseau pour suivre l’avancement des travaux allemands le long des côtes de la Manche face à l’Angleterre avant que l’ennemi ne frappe Londres. Le 22 décembre 1943 au cours de l’opération Crossbow les bombardiers de la Royal Air Force commencèrent à détruire les catapultes ; à la fin janvier 80 % des rampes de lancement étaient hors d’usage. Mais le 5 février 1944 près de la gare du Nord, la trahison est au rendez-vous, Michel Hollard en compagnie de trois amis est arrêté, affreusement torturé il en gardera des séquelles toute sa vie. Dans la deuxième quinzaine de mai 1944, il est déporté au camp de Neuengamme où sa conduite, dans cette enfer, relate son fils fut exemplaire, trouvant même la force d’âme « d’imprimer dans sa mémoire » d’émouvants poèmes tandis que tous les déportés « recevait la schlague et le knout chaque jour ». En avril 1945 il est sauvé grâce à une mission conduite par le Prince Bernadotte qui le conduit avec quelques camarades en Suède pour une convalescence et de fabuleuses vacances « offertes par une généreuse nation à une cohorte de pestiférés ». Au sortie de la guerre, les anglais lui témoigneront déférence et admiration, en le décorant en même temps que le général Leclerc de la haute distinction que représente le DSO Distinguished Service Order. La France fut semble-t-il à son égard plus réservée, deux petites plaques commémoratives près de la gare du Nord et de la gare de Lyon !, solitaire et franc-tireur de la Résistance, il n’avait pas fait partie de la cohorte des Français libres, « son devoir familial l’empêcha de suivre le général de Gaulle à Londres », écrit son fils, de plus il n’avait pas appartenu à aucun des grands mouvements français de Résistance. Un « Eurostar : Michel Hollard », et le livre que vient de lui consacré son fils Florian s’essayent à réparer cette injustice