Maquis noirs et faux maquis 1943 – 1947
Par Fabrice Grenard Auteur : Fabrice Grenard Éditions : Éditions Vendémiaire- 2011
Si dans leur très grande majorité « …des gars du maquis… » ont écrit quelques-unes des belles et glorieuses pages de la Résistance française certains, par leur conduite ont terni la légende dorée des Maquis en particulier pendant « les temps troubles » qui précédèrent la fin de l’Occupation et l’effondrement du régime de Vichy. Quelques criminels sous couvert d’actions patriotiques se sont ainsi livrés à des pillages, des vols et des rackets donnant naissance à d’incontrôlables maquis sans rapport avec la Résistance. Dans « Maquis noirs et faux maquis 1943 – 1947 » ouvrage paru aux Ed. Vendémiaire l’historien Fabrice Grenard s’essaye dans un contexte difficile à distinguer les vrais des faux maquis, phénomène – que la Résistance s’efforça toujours de combattre – mais qui marqua de manière importante les esprits dans certaines régions au moment de la Libération.
Au cours de l’année 1943 dans les régions rurales, souvent montagneuses ou forestière des premiers maquis apparaissent composés d’ennemies au régime de Vichy et aux autorités allemandes : – Juifs, communistes, républicains espagnols, Allemands antinazis, antifascistes étrangers…etc. Après l’échec de la politique de relève de Laval en 1942 et la loi de février 1943 sur le STO, entrent en clandestinité des milliers de réfractaires prenant en quelques sorte les responsables des maquis de court ; en particulier pour le ravitaillement, l’équipement et le logement des hommes. Certes les polices de Vichy et de l’occupant s’opposèrent aux « réquisitions du maquis » -parfois forcés-, qui se faisaient le plus souvent, au détriment des services de Vichy -comme les Chantiers de jeunesse-, mais avec le consentement tacite et la complicité des populations rurales acquise aux résistants. Pour éviter les illégalités et conscient des dérives possibles Michel Brault alias Jérôme -premier chef national des maquis- édite en mai 1943 une charte du maquisard. Entre le printemps et l’été 1944 on assiste à une recrudescence significative de bandes armées -sans aucun lien avec la Résistance organisée se livrant à des pillages, des crimes de droit commun, sous couvert parfois d’une façade patriotique favorisant ainsi la confusion avec la vraie Résistance. Toutes les régions de France furent concernées par ces faux maquis, phénomène exogène à la Résistance et dont les différentes sources auxquelles l’auteur a pu avoir accès ne laissent aucune ambiguïté sur la nature criminelle de ces actes. Pour la Résistance ce fut un véritable défi que de remettre dans le droit chemin ces faux maquisards et de distinguer les faux des vrais maquis. D’autant ajoute l’auteur que quelques maquis furent infiltrés par des miliciens et des agents provocateurs au service de Vichy et de l’occupant qui réussirent bien souvent à les discréditer et les décimèrent en règle générale d’atroce manière. Au travers de quelques usurpateurs au passé trouble comme celui des « Lecoz », « Bayard », et d’autres encore « à la gâchette facile » l’historien montre toute la difficulté de cerner cette zone sombre où s’entremêlent : Rivalités territoriales et politiques, imprudences et rapines. De nombreux départements, à l’automne 1944, dans un contexte de pénurie généralisée où l’ordre tardait à revenir furent victimes de ces faux résistants. La vraie Résistance, loin de faire preuve de passivité comme certains ont pu le prétendre, combattit et sanctionna ces dérives qui salissaient « …les gars du Maquis… »