L’observateur engagé
Par Gilles Martinet Auteur : Gilles Martinet Éditions : Éditions J.C.Lattès 2004
Deux livres, de deux grands acteurs et témoins de la Résistance, restés tout au long de leur riche vie fidèle à leurs idéaux de jeunesse ont retenu notre attention. La Traversée des frontières où Jean-Pierre Vernant, qui dirigea la Résistance militaire à Toulouse, se souvient de ses camarades tués, fusillés et massacrés, et s’interroge sur la vie, l’idéal et la mort héroïque personnifiée aux yeux des Grecs par Achille. Suite de profondes réflexions où pour l’helléniste, Compagnon de la Libération, « l’ensemble du livre concerne le franchissement des frontières entre le passé et le présent, proche et lointain, familier et insolite, finalement pour chacun de nous, entre ses souvenirs et lui-même ». Gilles Martinet raconte dans son livre de souvenirs L’observateur engagé (3), comment, après une jeunesse très bourgeoise il s’engagea dès 1933 sous la bannière communiste, qu’il quitta en 1938 les procès de Moscou lui ayant ouvert les yeux. Démobilisé il rejoint très tôt la Résistance, où il côtoie Jean-Pierre Vernant et son frère Jacques, crée à Clermont-Ferrand un journal clandestin : Le Bulletin ouvrier avant de rejoindre un autre journal L’Insurgé dont il devient l’éditorialiste. Il rejoint ensuite le réseau AID, chargé de fournir des informations aux mouvements et à la presse clandestine. Tout naturellement à la Libération il se retrouve dans le groupe de résistants qui occupe le très vichyste Office français d’information qui va devenir l’A.F.P., dont il devint un temps le rédacteur en chef. Avant de poursuivre une carrière militante à gauche, il fut avec Claude Bourdet et Roger Stéphane à l’origine de l’aventure de France Observateur. Il termina sa carrière comme ambassadeur de France à Rome au palais Farnèse où « il avait parfois l’irrespect, traversant les magnifiques galeries dessinées par Michel-Ange, de siffloter l’Internationale » ! Cette autobiographie est intéressante, toutefois sur les années 40/44 où on aurait aimé, que fait Gilles Martinet soit moins terne dans le récit qu’il fait de cette période, alors que vraisemblablement il avait tant de choses à raconter.