La Résistance en chantant
Par Sylvain Chimello Auteur : Sylvain Chimello Éditions : Éditions Autrement 2004
On doit ce livre à Paul Arma, personnage hors du commun, à son épouse Edmée qui déposa toutes les archives de son mari au Musée régional de la Résistance et de la Déportation de Thionville et à René Michel président fondateur de ce musée qui encouragea Sylvain Chimello à exploiter les archives de Paul Arma afin d’écrire ce très bel et original ouvrage « La Résistance en chantant ». Quelques mots sur Paul Arma, né en 1904 à Budapest. Après des études à l’Académie musicale Franz Liszt, de Budapest, avec Béla Bartók et Antal Moluar, il donne des récitals de piano en Europe, puis des tournées de concerts aux U.S.A. Conscient des problèmes politiques qui existaient en Europe, il renonce volontairement à sa carrière aux U.S.A. pour, de 1930 à 1933, travailler en Allemagne comme chef d’orchestre. Mais en 1933 menacé de mort, il fuit l’Allemagne nazie, et se réfugie à Paris où il participe activement à la vie musicale française. L’arrivée des Nazis en France en 1940, auquel il avait échappé le contraint à la clandestinité. Durant cette période il va composer les Chants du Silence sur les textes de Vercors, d’Eluard, de Claudel…et dit : « A une époque où, en France, la liberté devait s’exercer dans le silence prescrit…j’ai chanté le silence pour faire chanter la vie… ». C’est dans la clandestinité qu’avec son épouse ils collectent, au hasard de ses déplacements et des ses rencontres près de dix-huit cents chansons de paysans, de partisans et de Résistants sur des airs connus méconnus. Sylvain Chimello, dans ce livre, a répertorié et situé au cours de ces années d’occupation 204 de ces chansons. Toutes n’eurent pas la chance, bien sûr de connaître le succès du Chant des partisans écrit par Maurice Druon, Joseph Kessel et Anna Marly ou La Complainte du partisan de d’Astier de la Vigerie. Mais toutes les paroles de ces chants, écrites pour la plupart par des amateurs devenus « troubadours de la Résistance » traduisent la souffrance et l’espoir des femmes et des hommes de ces années terribles. Ecrites entre amis, entre copains puis fredonnées dans le rue au nez et à la barbe de l’occupant ces chansons représentaient souvent le premier acte de courage. En relisant aujourd’hui quelques unes des paroles de ces chants – témoignages, quel mélange de mépris, d’humour grinçant et d’audace, quand « le silence » recouvrait le pays ont fait preuve ces auteurs inconnus envers le « bougnat de Châteldon », le « Maréchal de Rethondes et Montoire », les « Milichiens »….etc. et puis comme « tous nos petits gars de France » avait faim et haïssait « les pillards » il fallait bien chanter « On manqu’ de pomm’s de terre » ; Quand les armées de Mussolini rencontraient des revers en Grèce, sur le même air que la Chanson de Gavroche, on chante :
«Le moral se redresse,
C’est la faute à la Grèce,
Fin du Macoroni
Grâce à Mussolini »
Et « Tous les gars des Maquis de France » de faire cette plaisanterie : « La Grèce bout…les Macaronis sont cuits. »
Ce très bel ouvrage est vendu avec un CD où cinq très beaux et très émouvants chants sont à écouter. En conclusion reprenons comme le fait Sylvain Chimello cette phrase de Paul et Edmée Arma « Ces témoignages sont candides ou fervents, naïfs ou orgueilleux, maladroits ou savants, mais ils sont tous valables ».