Ce livre, « Les Français en Résistance » qui vient de sortir aux Editions Bouquins – R. Laffont, invite à suivre au long des années noires onze Français qui surent refuser la défaite, l’armistice, l’occupation, le régime de Vichy et l’ordre nazi en Europe. L’auteur Guillaume Piketty, directeur de recherche au Centre d’histoire de Sciences Politiques de Paris, a rassemblé dans ce volume des écrits personnels et souvent inédits de Charles d’Aragon, Diego Brosset, Pierre Brossolette, Gabriel Brunet de Sairigné, François Garbit, René Génin, Claire Girard, Philippe Leclerc de Hautecloque, Louis Martin-Chauffier, René Pleven et Lazare Rachline. Ces écrits sous forment de lettres ou de journaux ont été rédigés par cette femme et ces hommes « tenants du non intransigeant », au fil des années de guerre et pour certains dès janvier 1940.

Dans un long et remarquable préambule qu’il a intitulé « La Force du refus » Guillaume Piketty explicite et analyse les différentes motivations de ces futurs combattants de l’ombre. Si la débâcle : « résultat de la bêtise et de la médiocrité » et l’amertume du vaincu furent l’une des toutes premières raisons de l’engagement de ces pionniers de la Résistance, très vite le poids de l’occupation, la nature même du régime de Vichy et la voix de plus en plus écoutée venue de Londres renforcèrent « ce front du refus ». L’auteur se garde bien de considérer ces onze figures de la Résistance comme des sortes de demi-dieu, mais les peint en êtres de chair et de sang avec leurs travers et leurs défauts animés par « le caractère » au sens où « Charles de Gaulle l’entendit ….Face à l’événement, c’est à soi-même que recourt l’homme de caractère…. Lutteur qui trouve au-dedans son ardeur…. ».

Ces « premiers désobéissants », venaient de tous les horizons de la société française. Ils étaient officiers : comme Diego Brosset – Brunet de Sairigné – François Garbit – René Génin – Philipe Leclerc de Hauteclocque – journalistes comme le Marquis Charles d’Aragon – le normalien agrégé d’histoire Pierre Brossolette et Lazare Rachline Juif et Franc-maçon, étudiante comme Claire Girard – Lettré comme Louis Martin-Chauffier, et enfin industriel comme René Pleven l’adjoint de Jean Monnet à Londres.

Leurs parcours dans la Résistance différèrent suivant que leurs combats se déroulèrent soit en France dans l’ombre soit au grand jour sous la bannière de la Croix de Lorraine à Londres ou dans les sables des déserts africains ou moyen-orientaux et dans les bocages normands.

A la lecture de leurs écrits on mesure la difficulté que fut leur vie durant ces années, les obstacles qu’ils durent et surent surmontés, les prudences dont ils devaient faire preuve au cours des premiers contacts, de leurs hésitations et de leur angoisse au fur qu’ils parcouraient les chemins de la Résistance et aussi de la douleur de la séparation avec leur famille. Avec ceux dont « L’entrée en désobéissance » les conduits y vers l’homme du 18 juin à Londres, c’est un peu, les arcanes de la France Libre de Brazzaville à Alger, que l’on revisite en lisant leurs correspondances.

Les journaux de guerre, les carnets de guerre et les correspondances de ces onze figures héroïques sont précédés par des biographies très complètes qui situent chacun l’entre eux dans le Résistance.

Il faut lire ce livre qui témoigne de l’engagement et de la lutte au quotidien d’une femme et de dix hommes qui furent parmi les premiers pionniers dans le « Front du refus » au régime de Vichy et à l’ordre nazi en Europe.