La liberté c’est mon plaisir 1940-1946
Par Robert de la Rochefoucaud Auteur : Robert de la Rochefoucaud Éditions : Éditions Perrin 2002.
Sur une bonne centaine de pages, Robert de la Rochefoucaud, 17 ans en 1940, porteur d’un nom illustre dont le lointain ancêtre maniait plutôt la maxime que l’explosif, raconte sur un ton enjoué sa résistance, c’est à dire une suite d’aventures extraordinaires et rocambolesques, où très souvent le « rire et le danger ont fait bon ménage ! ».
Tout jeune scout, il rencontre au printemps 1938 dans les Alpes bavaroises le tout puissant chancelier du III ème Reich, Adolf Hitler, s’ensuit une éphémère admiration bien vite retombée après le séjour qu’il fit en Autriche en cours de nazification à l’été 38. L’été suivant c’est
la drôle de guerre, puis l’exode et la défaite de juin 40 qu’il supporte mal, la présence des Allemands encore plus mal ; s’impose alors à lui une seule idée : rejoindre la France combattante et c’est le début « de sa grande aventure ».
Passage clandestin à travers les Pyrénées où il se lie avec deux aviateurs anglais qui lui seront reconnaissants pour « ses talents d’interprète » et lui ouvriront les portes du S.O.E. !.
La suite, Miranda, triste camp de prisonniers, Madrid puis Londres et enfin Carlton Gardens où il demande au général de Gaulle l’autorisation de servir dans les services spéciaux britanniques s’attirant du général cette réplique : « Même allié avec le diable, c’est pour la France. Allez-y ! ».
Cinq mois de dur entraînement, puis se succèdent les missions en France : aide aux résistants à l’utilisation d’explosifs et d’armes, sabotages divers dans le Morvan et la région bordelaise, l’explosion de la grande poudrerie à Bordeaux, c’est lui. Plusieurs fois arrêté et torturé, – il résiste à la torture en criant plus fort que ses tortionnaires – et, chaque fois de manière rocambolesque, il réussira son évasion comme, par exemple, à Avallon où, conduit devant un peloton d’exécution, il fausse compagnie à ses gardiens et rejoint une cache voisine au volant d’une traction-avant Citroën avec, « sur l’aile, le fanion rouge et noir du Reich ». A Bordeaux quelque temps prisonnier dans le tristement célèbre fort de Hâ, il s’évadera là aussi, grâce à une tenue dérobée de gardien de prison, tuant au passage trois soldats allemands et rejoignant des camarades résistants en tenue de religieuse !. Après ses exploits bordelais, en juin 44, il se « rend utile », cette fois dans un maquis du Médoc puis, en novembre 44, rejoint la 3° armée française chargée de réduire les poches allemandes de la pointe du Graves où de nouveau il est l’auteur de multiples et intrépides coups de main.
A Bordeaux, au cours de ses nombreuses allées et venues parmi les groupes de résistants de la région « il découvre que pour lui l’un des hommes clef de la Résistance semblait avoir été le secrétaire général de la préfecture : Maurice Papon », dont il ne fera la connaissance qu’au cours des années soixante et a qui il prêtera son passeport. Il viendra témoigner à son procès : « que les Juifs du maquis de la pointe de Graves, où il se trouvait avaient été prévenus par la préfecture de la Gironde qu’il y aurait des rafles ».
Démobilisé, il entame une carrière civile dans les affaires, la vie du bureau lui paraissant semble-t-il parfois insupportable ; après avoir lu son livre de souvenirs on le comprend ! il fait profiter de ses expériences « de clandestin » les services spéciaux français, au cours de séjours plus ou moins longs, en Indochine et en 1956, lors de la brève campagne de Suez.