ROSENSTOCK Odette
Marcel
Auteur de la fiche : L'association "Les Enfants et Amis Abadi"
ROSENSTOCK Odette
Odette Rosenstock, avec celui qui deviendra son mari, Moussa Abadi, a créé le réseau Marcel qui sauva 527 enfants juifs entre 1943 et 1944 dans la région de Nice.
Odette Rosenstock est née le 24 août 1914. Bien que d’origine juive, Odette Rosenstock n’est pas élevée dans un environnement pratiquant. Ses parents, originaires de Lorraine et du Bas-Rhin, ont opté pour la nationalité française et se sont installés à Paris. Malgré cela, Odette se sent concernée par son judaïsme dont les principes lui conviennent. Elle est confrontée à la montée du National-socialisme en Allemagne.
Elle entame des études de médecine en 1933.
Elle ne se revendique d’aucun parti politique mais l’injustice la révolte. Adolescente, elle assiste à des débats et des réunions. La notion de solidarité naît en elle à ce moment. En 1938, à 24 ans, elle se rend dans les Pyrénées avec la Centrale Sanitaire pour accueillir les réfugiés républicains espagnols de la guerre d’Espagne et assiste à l’ouverture des premiers camps d’internement, en particulier Rivesaltes, Argelès et Perpignan. Elle participe à quelques actions clandestines en faisant sortir des réfugiés du camp dans des camions sanitaires, en les dirigeant vers les hôpitaux et en leur apportant les premiers soins. Les camps sont gardés par des tirailleurs sénégalais, mais Odette, missionnée, n’hésite pas à tromper leur surveillance avec pour toute arme, une blouse blanche à la main, qui lui servira à faire sortir de ce camp la personne désignée.
De retour à Paris, elle termine ses études de médecine.
Elle rencontre Moussa Abadi en décembre 1939 chez une amie commune, médecin également.
Odette débute sa carrière en réalisant plusieurs remplacements. Elle est ensuite nommée Inspecteur Médical de la Sécurité Sociale aux Centres d’Évacuation des enfants des écoles de la ville de Paris, puis Médecin Inspecteur des écoles du Loiret à Montargis. En octobre 1940, les lois anti-juives de Vichy la contraignent à quitter son poste. De retour à Paris, elle soigne notamment des ressortissants étrangers dans des dispensaires juifs.
Entre temps, son compagnon, Moussa Abadi s’est réfugié à Nice, en zone libre. Elle le rejoint en novembre 1942 et travaille comme médecin à l’O.S.E (Œuvre de Secours aux Enfants).
Suite au départ des Italiens, les Allemands envahissent le sud de la France. Au premier semestre de 1943, Odette et Moussa décident d’organiser le sauvetage des enfants juifs.
Le réseau Marcel est né. Avec l’aide de Monseigneur Rémond, Archevêque de Nice, et de nombreuses autres personnes, Odette et Moussa trouvent des familles pour cacher les enfants. Au péril de leur vie, car juifs eux-mêmes, ils n’ont de cesse d’œuvrer pour protéger les plus faibles.
En septembre 1943, Odette apprend que sa sœur et sa mère sont arrêtées en voulant rejoindre leur père et mari en zone libre. Le 25 avril 1944, Odette est arrêtée à sont tour. Elle est interrogée mais ne dira rien des activités du réseau. Le 2 mai 1944, elle est emmenée depuis Nice vers Drancy. Elle est ensuite déportée à Auschwitz-Birkeneau puis à Bergen-Belsen sous le matricule A05598. Son statut de médecin lui évite le four crématoire car elle est nommée médecin du Revier (« infirmerie » du camp). Elle y est sous les ordres du tristement célèbre docteur Mengele. Avec le peu de moyens mis à sa disposition, elle tente de soulager les autres détenus. Le camp est libéré par les Anglais le 15 avril 1945. Odette est rapatriée. Plus de quarante année plus tard, en 1995, Odette racontera l’horreur des camps dans son livre « Terre de détresse ».
Odette rentre à Nice et reprend son activité de médecin au dispensaire de l’O.S.E. Ils rentrent à Paris en 1948. Elle devient Médecin Inspecteur vacataire des écoles dans le 12e arrondissement. Elle occupe ensuite les fonctions de chef de service au laboratoire d’hygiène de la ville de Paris.
Odette et Moussa se marient le 3 novembre 1959 à la mairie du 12e arrondissement. Le rabbin Daniel Farhi les unit religieusement le 21 novembre 1989.
Moussa décède le 15 septembre 1997. Après avoir accompli la tâche qu’elle s’était donnée de préserver la mémoire de Moussa, elle se suicide le 29 juillet 19996. Elle est inhumée au cimetière du Montparnasse aux côtés de son mari.
Les enfants sauvés par le réseau Marcel ont créé l’association Les Enfants et Amis Abadi pour préserver la mémoire d’Odette et Moussa et perpétuer la mémoire de la Shoah.