Issac André "Pierre Dac"
Auteur de la fiche : Pierre Dac, Dico franco-loufoque, réalisé par Jacques Pessis, Librio 1999
ISSAC André
Pierre Dac fut l’un des grandes voix de la Liberté de « Radio – Londres », avec un humour « loufoque » qui combattait l’occupant et qui su remonter le moral de ceux qui tremblaient sous la botte.
Pierre Dac est né le 15 août 1893 à Châlons-sur-Marne. Il hérite de son père boucher une forme nouvelle d’humour. Cette vocation fera de lui un chansonnier, qu’on baptisera d’un nom nouveau : » le Roi des Loufoques ». Terme en effet peu répandu à ce moment. Dans les cabarets parisiens, la Lune Rousse, le Caveau de la République, le Coucou ou les Noctambules, il tourne en dérision les situations ridicules de la vie de tous les jours Le 13 mai 1938 il crée le journal satirique « L’Os à Moëlle », présenté comme « l’organe officiel des loufoques ». Ce n’est pas sans difficultés qu’il pourra rejoindre de Gaulle et la BBC. Avant d’atteindre ce but qu’il s’est fixé après avoir entendu l’appel du 18 juin, il connaîtra de multiples incarcérations et évasions. Son échec après la traversée des Pyrénées lui fera dire : « Si Louis XIV se les étaient farcies comme moi, il n’aurait jamais dit : il n’y a plus de Pyrénées. » Au juge qui lui demande pourquoi il a voulu quitter la France il réplique ; « En France, il y avait deux personnages célèbres, le Maréchal Pétain et moi. La nation ayant choisi le premier, je n’ai plus rien à faire ici. ».
A radio Londres, en juin 1944, il attaque violemment Philippe Henriot qui avait évoqué ses origines juives : « : « rappelant qu’il s’appelle en réalité André Isaac et qu’il est le fils de Salomon et de Berthe Kahn, Dac s’attendrissant sur la France, c’est d’une si énorme cocasserie qu’on voit bien qu’il ne l’a pas fait exprès. Qu’est-ce qu’Isaac, fils de Salomon, peut bien connaître de la France, à part la scène de l’ABC où il s’employait à abêtir un auditoire qui se pâmait à l’écouter ? La France, qu’est-ce que ça peut bien signifier pour lui ? ». Le lendemain, oubliant le profond sentiment d’ écœurement qui l’habite, Pierre Dac lui répond au micro. «… puisque vous avez si complaisamment cité les prénoms de mon père et de ma mère, laissez-moi vous signaler que vous en avez oublié un celui de mon frère. Je vais vous dire où vous pourrez le trouver ; si, d’aventure, vos pas vous conduisent du côté du cimetière Montparnasse, entrez par la porte de la rue Froidevaux ; tournez à gauche dans l’allée et, à la 6e rangée, arrêtez-vous devant la 8e ou la 10e tombe. C’est là que reposent les restes de ce qui fut un beau, brave et joyeux garçon, fauché par les obus allemands, le 8 octobre 1915, aux attaques de Champagne. C’était mon frère. Sur la simple pierre, sous ses nom, prénoms et le numéro de son régiment, on lit cette simple inscription: « Mort pour la France, à l’âge de 28 ans ». Voilà, monsieur Henriot, ce que cela signifie pour moi, la France. Sur votre tombe, si toutefois vous en avez une, il y aura aussi une inscription: elle sera ainsi libellée : Philippe Henriot Mort pour Hitler, Fusillé par les Français…Bonne nuit, monsieur Henriot. Et dormez bien »
De retour de Londres en 1946, après un passage par les Forces Françaises Libres comme correspondant de guerre, de pierre Dac poursuit une carrière dans le comique à la radio avec Francis Blanche, à la Télévision et sur les scènes.
Il est mort en 1975.