CHARMET Antoine
Auteur de la fiche : Dominique MORIN
Antoine CHARMET
Né le 26 décembre 1906 à Saint-Martin-la-Plaine (Loire). Il est ordonné prêtre le 29 juin 1932. Il est licencié ès lettres et professeur au petit séminaire de Montbrison (Loire). Il effectue son service militaire de 1927 à 1929 en Algérie. Mobilisé le 4 septembre 1939 comme sergent au 238ème régiment d’Infanterie, il devient sergent-chef, combat en Alsace. Il est fait prisonnier le 21 juin 1940.
En Allemagne, il est prisonnier au stalag VI G à Hardthöhe, banlieue de Cologne. A partir de mars 1941, il est envoyé comme infirmier-aumônier au kommando 221 à Cologne. Suites aux nombreux bombardements sur Cologne, il est déplacé jusqu’au kommando 230, qui à la fin est disloqué à partir d’avril 1944. Il a refusé d’être rapatrié comme faisant partie du service de santé, suite aux démarches de sa famille, pour continuer son ministère et son office d’infirmier dans son kommando.
Les activités interdites qui l’ont conduit à être arrêté sont attribuées à son action de prêtre auprès des prisonniers qui rayonnait jusque sur les jeunes du STO. « Ses galons militaires de sous-officier lui servaient pour des réclamations auprès des autorités du moment lorsque le besoin se faisait sentir pour son apostolat ; en particulier demande de local pour célébrer la messe ou pour réunion de quelques groupes de catholiques. On lui permit, après un certain temps, une cave (abri pour les alertes) » (p. Godefroy Enguehard).
En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, il est arrêté le 8 août 1944 par la Staatspolizei de Cologne. Il est interrogé et emprisonné à la prison de Brauweiler.
Il est déporté à Buchenwald (n°81814). Vu son état, ses camarades tentèrent des démarches pour le faire monter au « grand camp », avec dispense d’appel et de travail. « Malheureusement, ces démarches n’aboutirent pas, et pour cause : son changement de block dépendait de communistes français et allemands qui, apprenant que Charmet était prêtre, déclarèrent le changement impossible » (témoignage du fr. Patrick Robert, franciscain, rescapé de Buchenwald).
Cette déportation de prisonniers de guerre contrevenait aux termes de la Convention de Genève. Elle fut citée contre l’accusé Göring au Tribunal de Nuremberg par le procureur général adjoint français Charles Dubost le 31 janvier 1946. Il était de plus reconnu comme sanitaire, ce qui contrevient encore plus aux lois de la guerre.
En 1950 lui fut attribué à titre posthume la Médaille militaire et la Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile de vermeil, reconnaissant comme cause de déportation : « Pendant sa captivité, a fait officieusement fonction d’aumônier auprès de ses camarades dont il remontait le moral magnifiquement. C’est ce zèle qui l’a amené à être transféré, par mesures de représailles, à Buchenwald, où il est décédé des suites de mauvais traitements en mars 1945 ».
Découvrez ici un article de « La Croix » du 23 mai 2000 consacré au Père Charmet