SICÉ. Adolphe .
Auteur de la fiche : François Fouré
Adolphe SICÉ.
En juin 1940, alors qu’en en Afrique Occidentale Française, à Dakar principalement où la Marine est fortement implantée, l’esprit est plutôt à suivre le gouvernement du maréchal PÉTAIN, en Afrique Équatoriale Française, des forces s’organisent en refusant l’armistice.
Parmi les hommes qui jouent un rôle dans cette action, Adolphe SICÉ, médecin général des troupes coloniales, s’interroge sur le sort que l’Allemagne réservera à l’empire colonial français. Il est convaincu du potentiel de réserve que la France peut puiser dans ses colonies. S’il n’envisage pas de rejoindre personnellement la France Libre, c’est le ralliement de l’AÉF dans son ensemble que SICÉ et ses amis veulent réussir.
Le 9 juin, le gouverneur général Pierre BOISSON déclare sa volonté de défendre l’AÉF contre toute éventualité. Mais le 18, un sentiment de doute subsiste dans ses intentions lorsqu’il annonce à ses collaborateurs qu’il sera peut-être dans l’obligation de suivre les instructions du gouvernement. Le jour même le général HUSSON, commandant supérieur des troupes, annonce à ses officiers sa volonté de poursuivre le combat même en territoire anglais. Le même 18 juin, l’appel du général De GAULLE est diffusé par les radios. Dans toute l’AÉF la volonté de résistance se précise. Mais le manque de volonté des dirigeants des autres colonies et leurs hésitations portent BOISSON et HUSSON dans l’incertitude des positions à adopter face à la mise en place du nouveau gouvernement de Vichy.
Un nombre d’officiers dont le commandant d’ORANO, méhariste venant du Tchad, réfléchit à la possibilité de s’engager dans l’armée britannique. SICÉ les met en garde contre les actions individuelles et les possibilités d’affrontements entre soldats français. Il faut donc faire basculer l’AÉF dans son ensemble dans la Résistance, malgré la soumission au gouvernement de Vichy maintenant clairement affichée de la part de BOISSON et HUSSON.
SICÉ approche alors le commandant DELANGE du bataillon du TCHAD et le commandant d’ORANO commandant la base de Pointe Noire. Avec deux autres personnalités civiles, messieurs GÉRARD et BLAME, il est actif et prépare des actions comme l’arrestation du gouverneur général, son état-major et les principaux administratifs. L’opinion dans sa majorité est hostile à l’armistice. Les appels du Général De GAULLE trouvent une résonance dans la population. Le 8 août se constitue une «ligue patriotique pour la Liberté et l’Honneur ». Le général HUSSON, devenu gouverneur général notifie aux militaires et fonctionnaires qu’ils doivent se tenir à l’écart de toute manifestation à tendance politique. Le passage au Congo belge du commandant d’ORNANO, organisée par SICÉ et son secrétaire, et l’arrivée par hydravion à Léopoldville du colonel LARMINAT, représentant du Général De GAULLE agitent la population. Des tracts circulent.
Bientôt LARMINAT dépêche D’ORNANO à Lagos puis au Tchad en vue de soutenir Félix ÉBOUÉ. Il insiste pour rencontrer personnellement SICÉ à Léopoldville chez les époux STAUL animateurs de l’amicale locale des Français. Une ruse permet le passage discret du grand fleuve. Les deux officiers échangent leurs vues sur la situation et arrivent à la même conclusion. Tout sera fait pour éviter de faire couler le sang et pour trouver un arrangement convenable avec HUSSON après son arrestation.
La nouvelle du ralliement du Tchad à la France Libre arrive le 26 août et met Brazzaville en ébullition. Celle de l’arrivée du colonel LECLERC à Douala arrive le 27.
HUSSON convoque SICÉ et le réprimande fortement pour ses manœuvres secrètes et prend des mesures à l’encontre des officiers favorables à Londres. La crise est à son point culminant et HUSSON ne comprend pas que l’équilibre n’est plus en sa faveur. Le 28 août, il est arrêté par le commandant DELANGE et transféré à Léopoldville. Le colonel LARMINAT, représentant du Général De GAULLE, est accueilli à Brazzaville par le médecin général SICÉ.
La rébellion préparée de l’intérieur par SICÉ et menée de l’extérieur par LARMINAT a réussi. Le courage et le désintéressement du docteur SICÉ étaient exceptionnels. Il était en 1940 la plus haute autorité sur le territoire et ses prises de position revêtaient une importance extrême.
Les Africains ont perçu la grandeur de la lutte armée contre l’Allemagne nazie et ont donné la pleine mesure de leur loyauté envers la mère patrie.